a rappelé qu'aucun économiste n'est capable de dire ce que sera la situation du système de retraite en 2050, notamment parce que certains événements comme les crises financières et économiques sont difficilement prévisibles. En revanche, il est possible d'élaborer un scénario médian qui, sous certaines hypothèses, permette d'aboutir à un équilibre financier à long terme. Les marges de manoeuvre ne manquent pas en France : légère augmentation des cotisations, progression du taux d'activité, politique en faveur de l'emploi des seniors (formation, reconversion, gestion des carrières). Certains pays, comme la Suède ou la Finlande, ont réussi à équilibrer leur système en jouant sur ces leviers. Pourquoi la France n'en serait-elle pas capable ? S'agissant de la pénibilité, il est indispensable de se mettre d'accord sur des critères objectifs qui permettent de la définir. Pour cela, il faut se servir des statistiques disponibles sur les différences d'espérance de vie entre catégories socioprofessionnelles et s'appuyer sur le rôle de la médecine du travail. Prendre en compte la pénibilité, c'est aussi la prévenir en aménageant les emplois, en offrant des possibilités de reclassement, en formant les salariés à de nouvelles tâches. Mais une telle politique nécessite un engagement fort de l'ensemble des partenaires sociaux qui permette de parvenir à un accord national définissant les critères objectifs de pénibilité. Celui-ci serait ensuite décliné au niveau des branches.
Certes, les comptes notionnels présentent un intérêt dans la mesure où ils garantissent un taux de rendement des cotisations, mais leur principale faiblesse réside dans le lien entre niveau de la retraite et âge de départ. En effet, faire dépendre le montant des pensions de l'âge de départ ne permet pas de tenir compte de la disparité des capacités de travail après soixante ans et des différences d'espérance de vie. L'adoption d'un tel système risquerait donc de paupériser davantage les retraités les plus faiblement pensionnés. En aucun cas, les comptes notionnels ne sont un remède miracle. La liberté de choix sur laquelle ils reposent n'est pas acceptable pour trois raisons : elle joue un rôle trop important dans la détermination du montant des pensions ce qui renforce l'injustice du système ; elle suppose que tout le gain obtenu du fait de la prolongation d'activité est récupéré entièrement par l'individu et en aucun cas redistribué à la collectivité ; elle supprime toute notion d'âge « normal » de départ à la retraite. Sur l'harmonisation public-privé, il est évident que les spécificités attachées au statut de fonctionnaire concernant les droits à la retraite ne peuvent être brutalement supprimées ; l'objectif est de faire progressivement converger les règles.