En ce qui concerne l'effet potentiel d'une crise économique, M. Jean-Olivier Hairault a fait la distinction entre une baisse tendancielle du taux de croissance économique, qui conduirait effectivement à une diminution des pensions dans un système en comptes notionnels, et une crise conjoncturelle, qui n'affecte pas le rendement à long terme. Contrairement à un système par capitalisation, l'Etat reste garant d'un système en comptes notionnels et interviendrait donc en cas de dégradation de la conjoncture. Par ailleurs, le système suédois présente d'autres avantages : la convergence des régimes, et donc la diminution de la complexité intrinsèque, et l'internalisation des choix en fonction des situations individuelles. De plus, il permet de gérer de manière douce et continue l'augmentation de l'espérance de vie, alors que le système français actuel doit s'ajuster par à-coups, dans la douleur. En Suède, le taux plein n'existe pas, chacun choisit son niveau de retraite via l'accumulation de points sur son compte.
Par ailleurs, l'expérience des pays européens montre la nécessité d'un accord entre les différents partis politiques et entre les partenaires sociaux, notamment pour la réforme des préretraites qui est, en définitive, la plus difficile. En France, la responsabilité de l'absence de réformes est largement partagée entre les gouvernements, qui n'ont pas intérêt à augmenter les statistiques du chômage, et les partenaires sociaux qui, sur le terrain, préfèrent toujours un plan social contenant le maximum de préretraites dans des conditions favorables d'indemnisation. De ce point de vue, le rôle des élus n'est pas à négliger : ils pèsent également en faveur de tels plans sociaux, plus acceptables localement.