Intervention de Jean-Pierre Chevènement

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 8 juillet 2009 : 1ère réunion
Audition de M. Bernard Kouchner ministre des affaires étrangères et européennes

Photo de Jean-Pierre ChevènementJean-Pierre Chevènement :

a estimé que les positions économiques de la France étaient en passe d'être restaurées en Irak, alors qu'elles se sont notablement dégradées en Iran avec des exportations qui ont chuté de 5 milliards à un milliard d'euros. Abordant la nouvelle politique étrangère américaine, il s'est interrogé sur ses buts de négociations avec l'Iran : s'agit-il d'obtenir la garantie d'un usage purement civil des centrales nucléaires, ou de se préparer à un futur franchissement du « seuil » d'accession à l'arme nucléaire militaire ? Puis il a émis le souhait que la France s'implique plus fortement dans les négociations en cours, sous l'égide de l'Egypte, pour rapprocher l'Autorité palestinienne et le Hamas, considérant qu'il s'agissait là d'un point décisif pour l'évolution de la situation au Proche-Orient.

Evoquant enfin le prochain renouvellement du directeur général de l'UNESCO, il a estimé que le candidat égyptien, un moderniste parfaitement francophone, devait être appuyé plus fortement par notre pays, les propos malencontreux que ce candidat avait tenus contre la culture israélienne ayant fait l'objet d'excuses acceptées par Israël.

En réponse, le ministre a apporté les précisions suivantes :

- les investisseurs français prospectent activement les multiples potentialités offertes par la reconstruction de l'Irak, qu'il s'agisse de travaux d'assainissement à Bagdad, de la reconstruction du sud du pays, ou de la vente d'hélicoptères. Néanmoins, il faut savoir que de nombreux pays sollicitent actuellement les autorités irakiennes dans ce domaine et que le retour de la France sur ce marché est tardif ;

- les positions économiques de la France en Iran ont effectivement pâti de la mise en oeuvre des sanctions internationales et européennes ; mais c'est le prix à payer pour exercer une pression diplomatique efficace sur l'Iran ;

- les discussions entreprises avec Téhéran par les trois pays européens, rejoints par les Etats-Unis, la Russie et la Chine, se déroulent sans résultat. Les Iraniens ne cèdent rien. Leur demande principale porte sur la venue à Téhéran de responsables politiques européens pour y rencontrer le Président Ahmadinejad. Les Etats-Unis d'Amérique ont proposé à l'Iran des contacts directs, et ont sollicité la Grande-Bretagne et la France pour les aider à les préparer, du fait de leur bonne connaissance de ce pays ;

- il est indéniable que les scientifiques iraniens poursuivent l'enrichissement de l'uranium, avec la mise en marche progressive de milliers de centrifugeuses supplémentaires, comme cela est constaté par l'AIEA. L'Iran continue de violer les résolutions du Conseil de sécurité. Cette fuite en avant est particulièrement préoccupante. Elle ne doit pas être occultée par l'attention portée à la situation intérieure du pays;

- les négociations entre le Hamas et l'Autorité palestinienne reprennent au Caire le 27 juillet prochain, avec la perspective d'un accord possible sur un nouveau gouvernement palestinien d'Union nationale dirigé par l'actuel Premier ministre Salam Fayad, accord que la France soutiendrait naturellement. Le Président de la République française a réitéré sa volonté de favoriser un accord de ce type, d'autres initiatives comme les propositions de tenir une conférence à Moscou et une autre à Paris étant sur la table. S'agissant de la colonisation, le gouvernement israélien considère certes comme illégaux les vingt-et-un « outposts » construits en dehors du cadre juridique israélien mais ne semble prêt à proposer qu'un moratoire d'une durée et d'une étendue à déterminer pour les autres types de colonies ; il faut cependant relever que le gouvernement israélien a récemment mené une opération très ferme contre les colons d'Hébron ;

- à Bethléem, 2 000 entrepreneurs palestiniens sont prêts à s'installer sur une zone proche de cette ville, en partenariat avec des entreprises françaises, projet qui est largement financé par notre pays. Ce dynamisme pourrait être renforcé par la suppression des points de contrôle sur la route reliant Jénine à Naplouse. Dans un avenir proche, de nombreux check points pourraient disparaître ;

- il y a aujourd'hui neuf candidats au poste de directeur général de l'UNESCO, dont M. Hosni mais aussi trois Européens. La France, pays hôte de l'organisation, se doit de respecter une nécessaire neutralité.

a rappelé que la France avait défendu en son temps un directeur général contesté en la personne du Sénégalais Moktar M'Bow, alors critiqué pour sa volonté de promouvoir un nouvel ordre mondial de l'information. Il a également souligné que l'Union pour la Méditerranée était coprésidée par la France et l'Egypte, ce qui devait conduire notre pays à appuyer le candidat égyptien.

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