Intervention de Amiral Edouard Guillaud

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 30 juin 2010 : 1ère réunion
Audition de l'amiral edouard guillaud chef d'état-major des armées

Amiral Edouard Guillaud, Chef d'État-major des armées :

Juridiquement, les opérations d'Afghanistan ne constituent pas une guerre, mais c'est bien d'une guerre qu'il s'agit, ne serait-ce que par les techniques et les équipements utilisés de part et d'autre. Les familles de nos victimes ont été peinées par un débat sur la qualification de ce conflit qui leur paraissait inadapté. Nos soldats ont également bien conscience de participer à une guerre.

Quelle est l'incidence de ce conflit sur le moral et sur la transformation des armées ?

Sur le terrain, les troupes déployées ont le sentiment d'être bien équipées et commandées. Par exemple, les premiers VBCI sont arrivés en Afghanistan. Nos troupes savent qu'elles sont soutenues. En métropole, les unités sont très concentrées sur la préparation opérationnelle en vue des déploiements futurs. C'est moins cette perspective d'engagement qui les inquiète que la transformation en cours dans les armées. Celle-ci nécessite de grands efforts d'explication.

En ce qui concerne les programmes d'équipement, nous examinons la situation. Vous avez évoqué l'alerte avancée pour laquelle nous prévoyons un radar très longue portée et un satellite de détection infrarouge. Nous souhaitons une coopération européenne mais nous ne pouvons pas attendre la réponse de nos partenaires pour lancer le programme. Nous allons réévaluer le calendrier. Pour le programme d'observation spatiale Musis, il y a une butée liée à la fin de vie des satellites Helios. Nous avons déjà enregistré des retards sur l'hélicoptère NH90 et sur le Tigre, il faut tenir compte de nos engagements opérationnels actuels et distinguer selon les différentes versions de l'appareil. La rénovation du Mirage 2000D porte sur plusieurs centaines de millions d'euros. J'ai indiqué dans mon propos introductif qu'il nous faudrait faire le moins mauvais compromis possible, et c'est à dessein que je n'ai pas parlé de meilleur compromis.

Mme Garriaud-Maylam m'a interrogé sur l'appui que le Sénat peut m'apporter. Je l'ai dit, le soutien essentiel est celui que vous nous manifestez dans vos départements, auprès des Français. Il n'est pas facile de faire comprendre combien nos intérêts peuvent être mis en danger à des milliers de kilomètres de la métropole. Cela exige des explications renouvelées.

Je suis convaincu que nous pourrons développer des coopérations bilatérales avec le Royaume-Uni, car c'est un pays très comparable au nôtre sur les plans démographique, économique, diplomatique et militaire. D'une crise peut sortir un bien. Mais il sera nécessaire de déplacer ou d'abattre de nombreuses cloisons pour progresser.

Les réserves ont été un peu oubliées dans le Livre blanc. Nous n'avons pas du tout une tradition comparable à celle des Etats-Unis, avec leur garde nationale. Nous avons redécouvert l'intérêt des réserves au milieu des années 1990, lorsque nous avons vu les Etats-Unis utiliser des réservistes dans les Balkans. C'est un domaine dans lequel nous n'avons pas suffisamment investi.

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