Intervention de Abdou Diouf

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 2 juin 2010 : 2ème réunion
Audition de M. Abdou Diouf secrétaire général de la francophonie

Abdou Diouf, secrétaire général de la francophonie :

M. Sarkozy m'avait invité au sommet de Nice mais, pour éviter le mélange des genres entre une organisation multilatérale rassemblant des pays du Sud et du Nord avec les relations bilatérales qu'entretient la France avec des pays d'Afrique francophone, mais aussi anglophone et lusophone, j'ai préféré m'y faire représenter. Pour autant, je sais qu'un des chefs d'État y a parlé chaleureusement de la francophonie.

L'Afrique est l'avenir de la francophonie. Si les objectifs en matière de scolarisation sont atteints et compte tenu de la croissance démographique, il pourrait y avoir demain 600 millions de locuteurs en Afrique demain, contre 200 millions aujourd'hui dans le monde. Nous devons donc consentir tous les efforts possibles. Certains pays de l'Afrique de l'Ouest et d'Afrique centrale viennent à la Francophonie aujourd'hui car ils veulent dialoguer avec l'Afrique francophone, tels le Ghana, Chypre ou Mozambique tout en restant dans le Commonwealth. De même, le Rwanda a rejoint le Commonwealth, mais reste dans la Francophonie. J'insiste sur ce point car nous sommes habitués à ne voir que les trains qui déraillent en oubliant tous ceux qui sont à l'heure... L'Éthiopie, se félicitant de ses premiers succès, veut faire du français une langue obligatoire au lycée. Nous devons investir dans l'éducation. Nous devons nous donner les moyens d'étendre l'initiative francophone pour les maîtres du primaire, actuellement au stade de l'expérimentation. Le Bénin et le Burundi veulent la mettre en place sur tout leur territoire. Et il en sera bientôt de même à Haïti et à Madagascar.

Je ne crois pas qu'il y ait de difficultés concernant le contrat d'objectifs et de moyens de TV5. En revanche, il y a un paradoxe : la chaîne multilatérale de la francophonie est regardée partout, sauf dans le principal pays francophone, la France. Pour commencer, pourquoi ne pas lui attribuer la place libérée sur la TNT Île-de-France par France Ô ? Ce serait déjà 10 millions de spectateurs supplémentaires. TV5 est la chaîne la plus regardée au monde avec CNN et MTV, elle est présente dans 200 pays, mais aucun Français ne connaît ses programmes ! Par parenthèse, nous avons rencontré un problème en Amérique latine où Direct TV a retiré TV5 de son bouquet. J'ai aussitôt écrit au directeur et mobilisé nos différents ambassadeurs. La question est grave : les francophones d'Amérique latine souffrent de cette situation. Direct TV devrait revoir cette question après la coupe du monde de football. Quant à RFI, je n'en parlerai pas beaucoup car elle est une filiale de la Société de l'audiovisuel extérieur de la France, elle n'est pas un instrument multilatéral. Elle est assurément un réseau important pour le développement de la francophonie.

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