Après avoir remercié M. Louis Duvernois de cette initiative, M. Antoine Schwarz, président-directeur général de Radio France Internationale (RFI), a relativisé, au préalable, les problèmes rencontrés par l'entreprise, dont le fonctionnement dans son ensemble s'avère satisfaisant.
Puis il a indiqué qu'il souhaitait porter à la connaissance de la commission les inquiétudes que lui inspirait l'avenir de RFI, soulignant que le représentant du Sénat au conseil d'administration en partageait le diagnostic et la stratégie.
Il a mentionné, à cet égard, deux sujets majeurs d'inquiétude. D'une part, il a signalé une tendance durable à la paupérisation budgétaire, avec une croissance des ressources publiques de RFI moins importante que celles des autres organismes de l'audiovisuel public, soit 28 % sur dix ans, contre 33 à 44 % pour les autres organismes. Il a jugé cette situation tout à fait paradoxale, dans la mesure où la mission de service public de RFI lui apparaît comme la plus incontestable du secteur audiovisuel public.
Il en a expliqué les raisons qui relèvent essentiellement de la politique menée par le ministère des affaires étrangères en matière de dotation budgétaire. Le plafonnement de la subvention allouée à RFI, qui représente 55 % du montant de son budget, affecte particulièrement cette entreprise, au regard de la situation budgétaire des autres organismes de l'audiovisuel public, dont les ressources sont adossées à l'affectation de la redevance audiovisuelle, et qui ont bénéficié d'une relative progression du fait du remboursement intégral des exonérations de redevance.
A titre d'illustration, il a indiqué qu'en 2006, l'augmentation de la dotation en redevance, de l'ordre de 4 %, avait permis une progression de 1,7 % des moyens de RFI, compte tenu de la reconduction à l'identique de la subvention versée par le ministère des affaires étrangères.
Il a fait remarquer que la situation financière de RFI, caractérisée par une augmentation conventionnelle de sa masse salariale de 4 % par an, ne pourrait revenir à l'équilibre que par le biais d'économies sur les frais de diffusion.
D'autre part, il a estimé que la paupérisation de RFI relevait d'un désintérêt de l'Etat à l'égard de cet organisme, ce que traduit un certain nombre de signes, comme la mise à l'écart de l'entreprise dans la conception de la chaîne française d'information internationale ou le gel des plans de développement à l'international.
Il a indiqué, pour illustrer son propos, que le ministère des affaires étrangères n'avait pas approuvé un projet d'émettre sur les ondes marocaines, et que la dotation qu'il alloue à RMC Moyen-Orient, filiale à 100 % de RFI, était identique en euros constants depuis 1996.
Regrettant l'absence d'intérêt au niveau de l'Etat pour l'influence exercée par RFI dans le monde, M. Antoine Schwarz a mentionné le fait que la station était écoutée par 44 millions d'auditeurs réguliers dans le monde, dont 25 millions en Afrique. A titre d'exemple plus politique, il a déclaré que RFI comptait près d'1,5 million d'auditeurs réguliers en Irak.
Il a soutenu qu'une nouvelle orientation stratégique de RFI devait s'affirmer par la diffusion de ses programmes sur Internet et le multimédia, et par un développement de ses zones d'influence géographiques, citant en priorité l'Afrique, le Moyen-Orient et l'Europe.
Il s'est déclaré favorable à une réforme de la gestion des ressources humaines et à une refonte du spectre des langues, qui doivent constituer l'axe majeur du futur contrat d'objectifs et de moyens que l'entreprise doit élaborer en concertation avec ses tutelles.
Dans un souci d'équilibre des organismes qui concourent à l'audiovisuel extérieur, il a encouragé l'Etat à confirmer la légitimité de RFI, dans un cadre budgétaire sécurisé. Il s'est engagé à solliciter une augmentation des ressources publiques de l'entreprise, alignée sur la progression moyenne de la redevance, tout en souhaitant disposer du soutien du Sénat et de l'Assemblée nationale.
Rappelant la modicité du montant attribué à RFI au titre de la redevance, de l'ordre de 55 millions d'euros, il a fait part de ses craintes à l'égard d'une éventuelle reconduction du gel des crédits subi en 2006, pas encore totalement confirmé, qui pourrait servir d'indice de référence pour la détermination des dotations des prochains exercices.
Il a lancé aussi un appel en direction des commissions des affaires culturelles et des affaires étrangères du Sénat pour engager une large réflexion sur la situation de l'audiovisuel extérieur, afin d'affirmer le rôle essentiel de RFI, en concertation avec l'ensemble des organismes que sont TV5, Canal France International et la chaîne d'information internationale.
Dans cette perspective, il a suggéré la création d'une holding qui s'inscrirait dans la définition d'une stratégie commune et d'une meilleure gestion des intérêts de l'Etat en matière d'action audiovisuelle extérieure, tout en mentionnant que la SOFIRAD (société financière de radiodiffusion), société anonyme à capitaux publics gérant les participations de l'Etat dans des sociétés de radio et de télévision, conservait toujours une existence juridique et disposait encore de fonds propres qui pourraient être réutilisés.