Intervention de François Autain

Commission d'enquête sur le rôle des firmes pharmaceutiques dans la gestion par le Gouvernement de la grippe A — Réunion du 19 mai 2010 : 1ère réunion
Audition de M. Michel Setbon sociologue directeur de recherche au cnrs responsable du centre de recherches sur le risque et sa régulation au sein de l'école des hautes études en santé publique

Photo de François AutainFrançois Autain, président :

a rappelé que les commandes fermes de vaccins avaient été passées dès le mois de mai. Un des objectifs de la commission d'enquête est de savoir pourquoi elles ont porté sur de telles quantités. A cette question la ministre répond par le mot magique d'«éthique ». On a abandonné toute référence aux données scientifiques par souci d'éthique, pour que tous ceux qui demanderaient à être vaccinés puissent l'être. C'est pourquoi, au début, on avait prévu une option pour acheter 130 millions de doses, deux pour chacun des 65 millions de Français. Quelle est la vraie raison de cet achat massif ? Une panique des pouvoirs publics ? On peut comprendre que les accidents sanitaires passés donnent à réfléchir et que mieux vaille en faire trop que pas assez. Mais le principe de précaution, qui est ici invoqué à tort, doit protéger la population, non les décideurs. Dans l'achat de ces vaccins, favorisé par un chantage à la pénurie, le gouvernement, face aux pressions de l'industrie pharmaceutique, a fait preuve de pusillanimité. Il a adapté le risque au plan au lieu d'adapter le plan au risque. C'est pourquoi il a continué dans la dramatisation. La référence à l'«éthique » est un argument qui se veut imparable : quand on a parlé d'éthique, il n'y a plus rien à dire. Mais il reste difficile de comprendre les vraies raisons pour lesquelles le gouvernement s'est engagé dans cet achat massif de vaccins.

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