a fait remarque que derrière la référence à l'éthique il y a un modèle structurant de la politique de santé publique française. On considère dans notre pays que les problèmes de santé publique concernent tout le monde, alors qu'en réalité, ils ne concernent jamais tout le monde. Notre tendance structurelle est de penser la santé publique en termes d'égalité et, donc, d'assurer la même protection à tous quel que soit leur risque. Cette vision généreuse a une conséquence dévastatrice : elle dispense de voir ce qui se passe en réalité et de savoir qui est vraiment un sujet à risque, elle empêche d'avoir de vraies connaissances en santé publique. Une politique de santé publique ne consiste pas à tuer tous les moustiques ou à fermer toutes les écoles. Son rôle est de comprendre qui est vulnérable et d'ajuster une protection ciblée. En appeler à l'éthique, c'est dénaturer la santé publique, parce que certains ont besoin d'être davantage protégés que d'autres.
Si on vaccine tout le monde, cela dispense de savoir quoi que ce soit. Mais un vaccin, cela s'accepte ou cela se refuse : il fallait donc ajuster la commande à ce que les Français étaient prêts à accepter. Il est stupéfiant qu'on ait passé des commandes fermes dès le mois de juin. Les compagnies aériennes commandent des avions avec cinq ans d'avance, mais ces commandes comportent toutes des clauses de révision.