Intervention de Paul Raoult

Commission de l'économie, du développement durable et de l'aménagement du territoire — Réunion du 16 décembre 2009 : 1ère réunion

Photo de Paul RaoultPaul Raoult :

en tant que membre de la délégation qui s'est rendue en Russie, a voulu insister sur plusieurs aspects qu'il a jugés importants :

- le très fort patriotisme économique des Russes, qui veulent bien s'associer à des entreprises étrangères à condition de demeurer aux commandes. Ainsi, bien que Gazprom se soit associée à Total et à StatoilHydro, elle considère Shtokman comme son projet, dont elle a la responsabilité exclusive ;

- l'insécurité juridique, législative et réglementaire, qui fait que les entreprises françaises peuvent légitimement hésiter à investir en Russie. Une illustration de ce fait est la partie de bras-de-fer qui s'est jouée entre Renault et le gouvernement russe à propos de sa participation dans le constructeur automobile Avtovaz. C'est l'une des raisons pour lesquelles la compagnie Total hésite à confirmer son engagement dans Shtokman, et ne le fera que si elle reçoit toutes les garanties ;

- les entreprises françaises se montrent incapables de s'engager unies dans la négociation avec les Russes. Les entreprises énergétiques EDF, GDF-Suez, Areva, Total, Dalkia abordent le marché russe dans le désordre, et les Russes peuvent aisément jouer les uns contre les autres ;

- le risque lié à l'exploitation d'un champ gazier offshore dans un océan Arctique infesté d'icebergs est considérable. C'est un pari technologique et environnemental majeur, qui suppose que les cours du gaz remontent considérablement pour couvrir un investissement de l'ordre de 25 à 30 milliards de dollars ;

- les constructeurs automobiles français engagés sur le marché russe qui s'est complètement retourné avec la crise, perdent énormément d'argent. Alors que les autorités russes, dans une démarche protectionniste, ont relevé les droits de douanes sur les modèles importés et exigent que 30 % des pièces des véhicules soient produites en Russie, les distributeurs français ont accumulé des stocks d'invendus supérieurs à un an ;

- à l'inverse, la percée de Danone est remarquable en Russie, où se situe la plus grande usine du groupe, qui produit plus de 14 gammes de produits, avec 500 salariés, un directeur polonais, un directeur des ressources humaines russe et un directeur de production français. La difficulté pour cette usine de référence a été de trouver du lait de qualité, et d'assurer le transport et la distribution des produits, qu'elle a fini par assurer elle-même avec sa propre flotte de véhicules ;

- si la Russie bénéficie d'une rente énergétique comme les pays du Moyen-Orient, elle s'en différencie en réinvestissant davantage les recettes d'exportation en résultant dans son économie.

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