a tout d'abord rappelé les événements qui avaient conduit au développement de la crise. La capture, le 12 juillet, par le Hezbollah de deux soldats israéliens avait entraîné une riposte militaire aérienne israélienne, suivie d'une offensive terrestre qui a pris une ampleur croissante. Il en est résulté des destructions considérables au Liban et, dans le même temps, des attaques de roquette meurtrières de la part du Hezbollah sur tout le Nord d'Israël. Après 33 jours de combats, le bilan des pertes humaines et matérielles est particulièrement lourd.
Face à cette situation et sous l'impulsion du Président de la République, la diplomatie française avait pris l'initiative, dès le début de ces événements, et n'a pas relâché son effort depuis lors.
Au sein des Nations unies et dans le prolongement de la résolution 1559, la France a travaillé avec l'ensemble de ses partenaires, et en particulier les Etats-Unis, pour mettre fin aux hostilités et parvenir, à l'issue de négociations longues et difficiles, à un premier texte commun de résolution du Conseil de Sécurité. Pour sa part, le Gouvernement libanais a proposé de déployer l'armée libanaise dans le Sud Liban. Cette décision majeure a constitué un tournant dans la négociation et a rendu possible la mise au point de la résolution 1701 qui prévoit la cessation immédiate des hostilités, le déploiement de l'armée libanaise au sud du pays avec le soutien d'une FINUL renforcée, un retrait concomitant de l'armée israélienne, l'embargo sur les livraisons d'armes, et la perspective d'un accord politique entre le Liban et Israël pour assurer une solution politique à long terme et un cessez-le-feu permanent. Le vote à l'unanimité de cette résolution, le 11 août à New York, a permis la cessation des hostilités sur le terrain le 14 août au matin. La France demeure aujourd'hui très engagée dans sa mise en oeuvre, tant sur les aspects politiques que militaires.
Dans le contexte fragile qui prévaut aujourd'hui, la France a fixé quatre objectifs à son action : à court terme, la consolidation du cessez-le-feu qui passe d'abord par l'achèvement du déploiement de l'armée libanaise sur tout son territoire et le retrait israélien concomitant du Liban. Sur ce premier point, le ministre a souhaité rectifier certaines informations ou commentaires récents et a rappelé que la France avait été le pays le plus actif en ce domaine.
Avec l'envoi en cours au Liban de 200 hommes qui viennent augmenter le contingent français au sein de la FINUL, la France a été le premier pays à avoir répondu concrètement, après l'adoption de la résolution 1701, aux demandes de contribution du Secrétaire général des Nations unies à une FINUL renforcée. C'est aussi grâce au déploiement du dispositif aérien et maritime « Baliste » au large du Liban que la quasi-totalité du ravitaillement et de la logistique de la FINUL a pu être assurée, au cours des dernières semaines.
Dans ce contexte d'urgence, a poursuivi le ministre, se pose, de manière plus fondamentale, la question importante du renforcement des effectifs de la FINUL. Le Secrétaire général des Nations unies a fixé à 3.500 hommes - c'est-à-dire 4 bataillons - les effectifs supplémentaires dont il a besoin dans un premier temps. Ce renforcement est essentiel. En effet Israël est déterminé à évacuer le Liban mais subordonne l'achèvement de ce repli au déploiement de la FINUL renforcée.
A l'occasion de la réunion des ministres européens le 25 août à Bruxelles, en présence du Secrétaire général des Nations unies, ceux-ci seront en mesure d'annoncer un accord sur l'envoi de bataillons dont le Secrétaire général a besoin. Pour favoriser une telle mobilisation, la France et d'autres pays européens ont demandé que des précisions puissent être apportées par les Nations unies sur plusieurs aspects essentiels de la future FINUL renforcée : la clarification de ses missions, la définition de règles d'engagement précises et connues à l'avance, l'établissement d'une chaîne de commandement efficace, enfin des garanties sérieuses sur la sécurité des hommes de cette nouvelle FINUL. Sur tous ces points, la France estime que les assurances données à New York permettent désormais d'avancer.
Au-delà de l'urgence et dans un deuxième temps, il faudra travailler à une consolidation effective du cessez-le-feu : à cet égard une question est essentielle, celle du non-réarmement du Hezbollah. La France est résolue à donner sa pleine efficacité à l'embargo décidé par la résolution 1701 sur les armes à destination des milices au Liban.
La question de l'embargo est également liée à la levée du blocus qui affecte encore aujourd'hui les ports et aéroports libanais. Or Israël ne lèvera ce blocus qu'en contrepartie d'assurances sur l'efficacité de l'embargo sur les armes. Pour autant, il est important de réouvrir l'aéroport de Beyrouth, au moins, dans un premier temps, au trafic des passagers.
Le deuxième objectif doit être celui de la reconstruction du Liban, après les dévastations subies en 33 jours de combats. La France y tiendra toute sa place dans les domaines humanitaires, des infrastructures, et environnemental ; elle souhaite que soit organisée une Conférence internationale de donateurs qui pourrait se tenir à Paris, à Beyrouth ou dans un pays de la région et qui porterait plus particulièrement sur la reconstruction à long terme du pays.
A moyen terme, un troisième objectif doit être de progresser vers la mise en oeuvre d'un cessez-le-feu et d'une solution politique durables. La réalisation de cet objectif passe par l'affirmation de l'autorité du gouvernement libanais qui doit recouvrer le monopole de l'utilisation de la force sur l'ensemble de son territoire.
Le désarmement du Hezbollah inscrit dans la résolution 1559 demeure un objectif essentiel, dont la réalisation ne pourra toutefois être obtenue que sur la base d'un consensus au sein de la vie politique libanaise. L'acceptation par le Hezbollah des dispositions de la résolution 1701, et notamment du déploiement de l'armée libanaise, peut être le signe que ce mouvement, sans renoncer à l'option militaire, entend aussi s'affirmer comme un acteur essentiel de la scène politique libanaise. Il faut maintenant conforter cette évolution, car c'est dans ce cadre que l'on peut espérer obtenir un désarmement progressif du Hezbollah.
Parallèlement, il faudra évidemment trouver une solution à la question des prisonniers, ainsi qu'à la délicate question des fermes de Chebaa. La Résolution 1701 a prévu que le Secrétaire général des Nations unies fasse des propositions sur ce sujet ; la même résolution mentionne notamment l'idée lancée par le Premier ministre libanais d'une étape de transition qui permettrait de mettre la zone de Chebaa sous le contrôle provisoire des Nations unies, en attendant de trouver une solution de fond à ce problème.
Un dernier objectif consistera à travailler à l'émergence d'une solution globale au Proche Orient. Le règlement de la question israélo-palestinienne est essentiel à cet égard.
La situation est préoccupante dans les Territoires palestiniens, en particulier dans la bande de Gaza. Pas plus qu'au Liban, il n'existe de solution militaire à la crise israélo-palestinienne. Les conditions doivent donc être créées pour favoriser l'émergence d'une solution politique et diplomatique entre Israéliens et Palestiniens. Cette solution est aujourd'hui rendue très complexe depuis la formation, en mars dernier, d'un gouvernement palestinien dominé par le Hamas, qui refuse de reconnaître Israël et de renoncer à la violence.
Face à cette attitude du Hamas, la France reste fermement attachée aux 3 principes énoncés par le Quartet : le gouvernement palestinien doit reconnaître Israël, souscrire aux accords conclus entre Israël et l'OLP et renoncer à la violence. Ces principes ne sont pas négociables.
Dans le même temps, la signature par l'ensemble des forces politiques palestiniennes représentées au Conseil législatif, y compris le Hamas, d'un document d'entente nationale est un élément positif qu'il ne faut pas ignorer. A court terme, la France considère que le Président Mahmoud Abbas et les forces modérées palestiniennes doivent êtres confortés. C'est pourquoi la France a condamné, de la manière la plus claire, l'arrestation par Israël des membres élus de l'Autorité Palestinienne : il n'est pas acceptable du point de vue du droit, ni opportun du point de vue politique, de vouloir ignorer les résultats des élections palestiniennes dont tous les observateurs ont reconnu la régularité et la forte participation.
En Israël, enfin, le gouvernement en place semble hésiter sur la mise en oeuvre de son plan de désengagement unilatéral de la Cisjordanie. Le retour d'Israël à Gaza et au Liban après les retraits de 2000 et 2005 marque en effet, aux yeux de beaucoup d'Israéliens, l'échec de la politique de retrait unilatérale, de plus en plus critiquée. Le gouvernement israélien pourrait s'orienter à nouveau de façon positive vers la recherche d'un accord avec ses interlocuteurs arabes.
Au-delà du conflit israélo-palestinien, le ministre a estimé que deux autres pays doivent retenir l'attention. Avec la Syrie tout d'abord, la France continue de plaider pour que ce pays et ses dirigeants se conforment à leurs obligations au titre des diverses résolutions adoptées à New York dans le cadre de l'enquête sur la disparition de Rafic Hariri. Ce préalable doit être rappelé avec force.
S'agissant ensuite de l'Iran, le ministre a fait valoir que la volonté de ce pays d'être reconnu comme un partenaire majeur au sein de la région ne doit pas être écartée à la légère. L'intérêt de tous est d'avoir avec les dirigeants iraniens un dialogue sans complaisance mais avec l'objectif de convaincre ce pays que son intérêt est de jouer un rôle constructif dans l'évolution du Moyen Orient, au moment où, par ailleurs, la réponse de Téhéran sur le dossier nucléaire illustre les risques d'une confrontation majeure. La France poursuivra ses efforts pour rechercher les éléments d'un possible accord, sans ignorer le danger que représente l'actuel programme nucléaire iranien, mais sans minimiser le risque d'une confrontation avec les autorités de Téhéran.