Nous soutiendrons cet amendement présenté par notre collègue Marie-Christine Blandin, parce qu'il semble effectivement important qu'un bilan puisse être établi une fois par mois, si toutefois ces jeunes devaient se retrouver en apprentissage.
Je souhaite vivement que, à l'occasion du bilan de cette première expérience professionnelle, l'équipe pédagogique puisse également établir un bilan de l'acquisition des connaissances scolaires et du niveau du jeune concerné.
En effet, l'acquisition par tous les jeunes, au terme de leur scolarité obligatoire, d'une culture commune de haut niveau, et non au rabais, comme celle que propose la loi d'orientation et de programme pour l'avenir de l'école du 23 avril 2005, est une nécessité. Bien évidemment, il s'agit non pas de faire de tous les jeunes de futurs cadres - vous le savez très bien, même si vous faites semblant du contraire -, mais de former de futurs citoyens éclairés, capables de comprendre, de juger et d'agir, capables de construire un monde réellement juste et démocratique et capables d'y vivre, le jour venu, en exerçant pleinement leurs droits et leurs devoirs. Ce serait, je le crois, un vrai moyen de lutter contre les inégalités.
Qu'il faille apprendre un métier, nul ne le contestera et vous connaissez mon opinion à ce sujet. Mais cet apprentissage ne peut et ne doit pas se faire au détriment de l'accès au savoir, porteur de compréhension du monde. Or, c'est bien ce qui va se passer, mes chers collègues, tant avec le socle commun qu'avec l'apprentissage dès quatorze ans.
Derrière ces mesures se profile une conception utilitariste et minimaliste de l'école, qui réduit ses missions à une seule : inculquer des compétences au service des seules entreprises, au détriment de l'accès de tous au patrimoine commun de l'humanité.
À l'encontre de cette politique de renoncement à l'idéal d'une école pour tous, nous proposons de repenser les contenus de l'école obligatoire, moins en fonction de la sélection professionnelle qu'en fonction de ce que nous pourrions appeler les « incontournables de la citoyenneté ». Nous avons conscience qu'un tel projet politique, culturel et éducatif pour l'école supposerait une politique et des moyens sans précédent pour le développement de la recherche en éducation, en didactique des disciplines scolaires et, parallèlement, une mutation de la formation des maîtres dans le sens d'une culture commune de la réduction des inégalités.
Mais l'État, si la volonté politique suit, est en mesure de concrétiser ce projet, en donnant à l'école les moyens qui lui permettent d'offrir à tous nos jeunes, quelle que soit leur origine, sociale, culturelle ou géographique, la possibilité de maîtriser les savoirs, les connaissances et compétences constitutifs de cette culture commune de haut niveau, pour accéder ainsi aux valeurs universelles et à l'esprit critique.
J'entends déjà rétorquer que les capacités des élèves sont trop inégales, et qu'il faut par conséquent niveler par le bas ; nous retrouvons là la logique du socle de connaissances introduit par la loi Fillon. Il est inconcevable, mes chers collègues, que près de deux cents ans après les travaux de Bourneville et d'Itard, la conviction de l'éducabilité de tous les enfants ne soit pas acquise !
Je suis convaincue de la véracité du principe selon lequel chacun est capable d'apprendre, pour autant que l'on s'en donne les moyens financiers, les programmes et les structures. Si chacun était convaincu de ce principe, l'école y gagnerait à coup sûr, en évitant de la part des personnels une sélection discriminatoire, en s'assurant la collaboration active des parents, persuadés que leurs enfants peuvent y arriver, ...