Par une heureuse coïncidence, cette audition survient pratiquement au moment du vingtième anniversaire d'Arte, née le 2 octobre 1990. Nous avons souhaité donner un peu de lustre à cet événement, grâce à une programmation spéciale depuis ce week-end et jusqu'au 18 novembre. Nous avons également lancé une campagne de publicité un peu décalée et organisé une soirée importante au Châtelet, l'orchestre de Radio France accompagnant Metropolis.
Le bilan de l'année est intéressant et significatif de la période. Il est extrêmement positif pour la relation franco-allemande, dont la solidité n'a pas été ébranlée par les difficultés économiques, ni par les débats autour du traité de Lisbonne. L'audience progresse en Allemagne, mais pas en France, ce qui constitue un sujet d'inquiétude. Le numérique accroît vivement la concurrence pour les chaînes hertziennes. Notre audience atteignait 2,4 % en août, mais elle a progressé sur la TNT pour atteindre 2,7 %. L'offre est désormais si variée et le paysage s'est tellement modifié que l'on remet en cause la mesure de l'audience. Il faut en particulier tenir compte de la télévision de rattrapage (nous en discutons avec Médiamétrie). Tous modes confondus, nous sommes à 43 millions de téléspectateurs en France et 62 millions en Allemagne, plus une audience en Belgique, en Suisse et en Autriche.
Nous avons beaucoup investi sur Internet, et d'abord en énergie et en réflexion. Nous avons lancé des documentaires spécialement conçus pour ce mode de diffusion et préparé une web-fiction autour de l'insertion professionnelle de jeunes adultes, le téléspectateur choisissant les personnages auxquels il s'intéressera.
Plate-forme dédiée au spectacle vivant, Arte live est ouverte aux programmes venus d'autres institutions. Quand nous diffusons un concert du festival de Lucerne, d'autres concerts sont disponibles : la télévision hertzienne devient une vitrine pour des programmes que l'on trouve sur le net. Nous avons signé un accord avec You Tube et négocions avec Orange comme avec Daily Motion et autres diffuseurs de programmes. L'accès par iPod et iPad sera gratuit et l'application Arte + Sept favorise la télévision de rattrapage. Notre engagement est conforme à la spécificité de la chaîne ; nous servons ainsi de laboratoire aux Allemands, tant les questions de droit se posent en termes différents dans les deux pays.
Nous avons également complété la haute définition par une régie ; la quasi-totalité de nos programmes est désormais en haute définition. Deux programmes en 3D seront diffusés à Noël, dont le film de Werner Herzog sur la grotte Chauvet, inaccessible au public : la télévision peut jouer un rôle novateur.
Le budget enfin. L'avenant au contrat d'objectifs et de moyens couvre les années 2010 et 2011. Il tient compte de l'accroissement des coûts de diffusion ainsi que du passage à la haute définition. Si l'État apporte 9 millions supplémentaires et prévoit une augmentation pour 2011, il ne couvre que 50 % de l'augmentation des frais de diffusion. Or la diffusion outre-mer, à compter de novembre, représente une charge annuelle de 2,6 millions.
La chaîne ne se porte pas mal. Elle accomplit en effet sa mission et reste en pointe sur Internet et le web, et cela dans un cadre budgétaire maîtrisé ainsi que les contrôleurs budgétaires nous en donnent acte. Si la question de l'audience nous préoccupe, sa relative stabilité n'a rien à voir avec les turbulences importantes que d'autres connaissent. L'entreprise devrait faire face à un changement : mes mandats prendront fin 2010 pour le groupement européen et en mars 2011 pour Arte France. J'espère que ce changement, le premier que connaîtra la chaîne, s'effectuera de manière paisible.