Il est vrai qu'en 1880 l'éducation physique était aussi liée à la préparation militaire.
Les filles issues de familles immigrées sont l'objet de nombreuses dispenses d'EPS, notamment pour la natation et, en particulier, dans les zones urbaines sensibles et les ZEP, mais il n'y a pas d'enquêtes précises sur le sujet. En revanche, j'ai travaillé à Strasbourg sur les familles turques ; j'ai remarqué que les filles de « l'élite turque » - universitaires, hauts fonctionnaires du Conseil de l'Europe - ne sont pas dispensées de sport. Autrement dit, la raison de ces dispenses est sociale, elle n'est pas culturelle ni religieuse. En France, la dispense pour les filles doit être accordée par un médecin ; en Allemagne, pays non laïque, elle peut être accordée par l'imam. On ne sait pas bien dans quelle mesure ces dispenses sont liées à la religion ou plutôt à la nouvelle dictature des normes esthétiques corporelles, qui produit un effet non négligeable sur les adolescentes.
Des parents demandent aussi que garçons et filles soient séparés pendant les cours de sport, de même que des associations cultuelles réclament, dans les piscines, des créneaux horaires réservés aux femmes. Certaines villes accèdent à ces demandes. C'est le cas de Strasbourg, ville de régime concordataire qui réserve des créneaux pour les femmes juives ou musulmanes. C'est aussi le cas de Lille. Tout dépend du conseil municipal. J'ai aussi observé quelques tentatives de séparatisme sexuel dans les équipements sportifs (interdire les spectateurs masculins dans les compétitions féminines) mais qui ont toutes échouées parce que notre modèle de société est laïque. Certains pays du Conseil de l'Europe de tradition multiculturaliste, la Norvège par exemple, tolèrent beaucoup plus que nous ces séparations et des compétitions féminines sont interdites aux spectateurs hommes.