On retrouve là quelque analogie avec la politique...
Un dernier mot sur le sport de haut niveau, pour rappeler que la mixité n'y est pas toujours facile à gérer. On a connu certains problèmes de harcèlement dans les vestiaires... Se pose aussi la question de la difficile relation entre une jeune sportive et son coach : voir la saga Laure Manaudou... Je sais que Roselyne Bachelot enquête sur toutes ces questions, auxquelles sa qualité de membre de l'Observatoire de la parité l'a sensibilisée.
J'en viens au sport de masse, où le rôle des femmes est très important. C'est le cas dans le sport-santé ou le sport de nature, où la présence des femmes a beaucoup aidé à mieux prendre en compte les marginalités - liées au handicap, au chômage, à l'âge, à la vie des banlieues... On a vu naître de nouveaux équipements, des bases de loisir. Les femmes ont imposé des pratiques associant mère et enfants. Les fédérations sportives ont repris des objectifs sociaux issus du mouvement ouvrier catholique, rural ou des mouvements caritatifs ou laïcs. On a vu naître d'importantes innovations, comme celles de la Fédération sportive et culturelle de France, qui, parmi de nombreux projets, aide par exemple une famille à sortir de sa banlieue le temps d'un week-end en proposant à chacun une activité sportive, ou celles de l'Éducation physique dans le monde moderne (EPMM), qui, via l'Agence nationale pour l'emploi (ANPE), proposait aux chômeurs une formation sportive pour les sortir du repli sur soi.
On a vu également exploser la pratique des sports de nature, notamment la randonnée, qui présente aussi l'avantage de pouvoir s'adapter aux publics spécifiques - personnes handicapées ou milieux défavorisés. Roselyne Bachelot a voulu développer les associations sport-santé, pour une pratique du sport tout au long de la vie. Beaucoup de femmes y sont impliquées, qui sont à l'origine d'initiatives comme celle du Nord-Pas-de-Calais, où une femme qui inscrit son enfant au foot se voit proposer la possibilité de pratiquer un sport. Je pense également à l'association Ciel Bleu qui se rend dans les maisons de retraite et propose des activités aux femmes atteintes de la maladie d'Alzheimer.
On assiste aussi à l'essor de la fitness, mais plus généralement dans des installations privées et payantes, loin d'être accessibles à tous puisque les cotisations y vont de 60 jusqu'à 3 000 euros.
Les choses bougent aussi en Europe, où l'on a vu apparaître dans les statistiques un « indice du bonheur brut », preuve que la notion de bien-être y gagne en faveur. Le ministère de la Défense de Belgique n'a-t-il pas, d'ailleurs, créé en son sein une division du bien-être, qui, pour s'adresser à des hommes - qui représentent la majorité de l'effectif - n'en est pas moins tenue par des femmes.
J'ai travaillé avec des équipes médicales, qui ont mis en évidence le rôle de l'activité musculaire dans le bien-être : l'expérience de personnes handicapées dont les jambes sont stimulées pour actionner les roues d'un vélo montre que les muscles ainsi mis en action envoient au cerveau des signaux et des hormones qui favorisent le bien-être.