Intervention de Philippe Douste-Blazy

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 5 avril 2006 : 1ère réunion
Audition de M. Philippe Douste-blazy ministre des affaires étrangères

Philippe Douste-Blazy, ministre des affaires étrangères :

a souligné qu'au Proche-Orient, le contexte politique avait fortement évolué ces dernières semaines sous l'effet de deux événements majeurs : dans les Territoires palestiniens, le gouvernement du Premier ministre Ismaïl Hanniyeh, composé exclusivement de ministres proches ou issus du Hamas, a obtenu la confiance du conseil législatif palestinien et prêté serment devant le Président de l'Autorité palestinienne ; en Israël, le parti Kadima a remporté, même si ce succès est inférieur aux prévisions, les élections législatives et le Premier ministre par intérim, M. Ehud Olmert, formera la prochaine coalition gouvernementale. Le ministre a rappelé les principes qui, dans ce contexte politique renouvelé, guideront l'action de la France :

- le nouveau gouvernement palestinien doit accepter les principes fondamentaux du processus de paix rappelés par le Quartet : renonciation à la violence, reconnaissance d'Israël, respect des engagements internationaux souscrits par l'Autorité palestinienne. Ces principes ont été rappelés par le Président Abbas à son gouvernement, mais celui-ci n'a malheureusement pas, lors du discours d'investiture, clairement répondu aux attentes de la communauté internationale. M. Philippe Douste-Blazy a ajouté que, contrairement à ce qui avait pu être dit, aucun contact ni dialogue n'avait été établi entre le gouvernement français et le Hamas ;

- le peuple palestinien ne doit pas être puni et les acquis institutionnels de la dernière décennie doivent être préservés. La population palestinienne est dans une situation humanitaire très préoccupante et l'aide internationale ne peut être interrompue. Cette aide peut utiliser différents canaux : les Nations unies, la Banque mondiale, les organisations non gouvernementales ou les services du Président Abbas ;

- enfin, a poursuivi le ministre, les obligations contenues dans la feuille de route restent valables, même si ce document doit être réactualisé. Les Palestiniens doivent renoncer inconditionnellement à la violence, le gouvernement israélien, lui, doit geler la colonisation de la Cisjordanie et arrêter la construction de la barrière de sécurité, car ces actions menacent la viabilité du futur Etat palestinien et contreviennent au droit international.

Abordant ensuite le dossier du nucléaire iranien, M. Philippe Douste-Blazy a réaffirmé la nécessité de préserver l'unité de la communauté internationale. Sur la proposition de l'Allemagne, du Royaume-Uni et de la France, le Conseil de sécurité a adopté, le 29 mars, une déclaration présidentielle appuyant les demandes de l'Agence Internationale de l'Energie Atomique, en particulier la suspension complète de toutes les activités nucléaires sensibles et la pleine coopération de l'Iran avec l'Agence. D'ici à un mois, le directeur de l'AIEA exposera les suites données par l'Iran à ces demandes. Réunis à Berlin le 30 mars, le ministre allemand des affaires étrangères, ceux des cinq membres permanents du Conseil de sécurité, ainsi que M. Xavier Solana ont confirmé que, si l'Iran avait un droit légitime au développement de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques et dans le respect du Traité sur la non-prolifération, il était impossible d'accepter que se poursuivent dans ce pays des activités d'enrichissement, même limitées à la recherche et au développement, qui pourraient comporter une dimension nucléaire militaire. Certes, a précisé M. Philippe Douste-Blazy, le processus engagé au Conseil de sécurité est réversible et les négociations pourront reprendre si l'Iran arrête toute activité d'enrichissement. Dans le cas contraire, le Conseil devra manifester sa fermeté. La crise iranienne ne pose pas seulement le problème de l'accès au nucléaire civil, mais touche la stabilité de l'ensemble de la région et pose une question de sécurité internationale.

Evoquant enfin les récentes élections présidentielles en Biélorussie, M. Philippe Douste-Blazy a rappelé que le Président Loukachenko avait, sans surprise, obtenu 83 % des voix à l'issue d'une campagne électorale et d'un scrutin entachés de graves irrégularités, ainsi que l'a relevé la mission d'observation de l'OSCE. Il a constaté que l'opposition représentait une alternative politique crédible, M. Milinkievitch pouvant favoriser une évolution démocratique du pays. Il a indiqué que le Conseil européen avait, le 24 mars, ouvert la perspective de sanctions, notamment contre le Président Loukachenko. Celui-ci, ainsi que les acteurs directs des fraudes et de la répression, pourraient se voir interdits de visa. Il convient parallèlement de ne pas isoler le pouvoir biélorusse actuel, afin de ne pas nuire à la population, et les contacts avec les étudiants, les administrations et les médias devront être multipliés. Enfin, le ministre a rappelé que la France soutenait les démarches du Secrétariat du Conseil et de la Présidence de l'Union européenne visant à intensifier le dialogue avec Moscou sur la Biélorussie.

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