Intervention de Jacques Legendre

Commission des affaires culturelles, familiales et sociales — Réunion du 14 février 2007 : 1ère réunion
Audition de Mme Emma Archer directrice de la french-american foundation faf et M. Fabrice Rozié attaché du livre et des échanges intellectuels à l'ambassade de france aux etats-unis

Photo de Jacques LegendreJacques Legendre, président de la mission d'information :

a indiqué que celle-ci avait ciblé un champ d'étude volontairement circonscrit, puisque, seuls, près de 9 % des bacheliers généraux et technologiques accèdent aux classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE). Si la mission ne s'est pas donné pour objectif de traiter de la démocratisation de l'ensemble de l'enseignement supérieur ou de la situation de l'Université, les enjeux liés aux conditions de vie matérielle des étudiants et à l'échec massif dans les premiers cycles universitaires, notamment, seront néanmoins abordés de façon sous-jacente, en raison de leurs liens avec le sujet de la mission.

Il a rappelé, par ailleurs, que la mission ne prétendait pas, en ciblant ainsi son propos, que les classes préparatoires aux grandes écoles étaient l'unique voie d'excellence. Elles n'en sont qu'une parmi d'autres. Toutefois, l'accès à ces filières sélectives et exigeantes se heurte à des freins auprès des lycéens issus des milieux les moins favorisés : en effet, alors que les grandes écoles comptaient environ 30 % d'élèves issus des catégories socio-professionnelles moyennes ou défavorisées il y a 25 ans, cette proportion n'est plus que de 9 % à l'heure actuelle.

a indiqué que l'ensemble des intervenants entendus par la mission depuis le mois d'octobre, lors d'auditions ou de déplacements sur le terrain, avaient reconnu la persistance de ces barrières à l'entrée, qu'elles soient d'ordre culturel, social, financier ou territorial, et convenu de la nécessité d'y répondre, dans un souci de justice sociale et de diversification des « élites » de notre pays.

Il a précisé que le rapporteur avait déjà entendu plusieurs interlocuteurs avant la création de la mission, et que celle-ci avait commencé ses travaux avec l'audition d'un expert du sujet, M. Claude Boichot, inspecteur général de l'éducation nationale, ayant réalisé une vaste enquête, auprès de tous les lycées de France, sur l'accès des élèves en CPGE. Plusieurs tables rondes ont ensuite permis d'entendre des représentants des enseignants (la Société des agrégés et les principaux syndicats du second degré), des parents d'élèves et des étudiants, ainsi que la Conférence des présidents d'université (CPU) et des fondations d'entreprises ayant pris des initiatives dans ce domaine. La mission a également rencontré des acteurs sur le terrain, lors de déplacements à l'Institut d'études politiques de Paris et en Seine-et-Marne, ayant chacun fait l'objet de reportages diffusés l'un par France 3, l'autre par la chaîne Public Sénat. Elle se rendra le 13 mars dans le Nord, à Lille et Cambrai, puis dans le Calvados, et présentera ses conclusions à la fin du mois de juin, afin que le futur ministre en charge de l'éducation, quel qu'il soit, puisse s'en saisir.

Evoquant les nombreuses initiatives qui se mettent actuellement en place, sur la base du volontarisme des acteurs de terrain, M. Jacques Legendre, président de la mission d'information, a souhaité que la mission évite deux écueils :

- le premier serait de ne pas laisser ces acteurs aller jusqu'au bout de leurs expérimentations, de les évaluer sans disposer d'un recul suffisant et de chercher à les formater ;

- le second consisterait à tenter de généraliser l'une ou l'autre des expérimentations, dans l'objectif d'en faire profiter l'ensemble des lycéens.

Il s'est interrogé, à cet égard, sur la pertinence et l'opportunité d'imposer ainsi à ces projets porteurs un cadre qui pourrait être perçu comme contraignant. En effet, en dépit des réactions très positives et des fortes attentes suscitées par la démarche de la mission auprès des acteurs rencontrés sur le terrain, il a souligné les réticences de certains face à une trop grande médiatisation des opérations menées. Nombre d'entre eux préfèrent avancer à leur rythme, en gardant leur autonomie et la liberté d'adapter leurs projets au cours du temps.

a annoncé, enfin, que la mission poursuivrait ses auditions en entendant, notamment, des sociologues, différentes grandes écoles, telles que l'Ecole normale supérieure ou Polytechnique, des représentants de l'enseignement privé, la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (HALDE) ainsi que le Haut Conseil à l'intégration. La mission organisera, en outre, une table ronde sur l'information et l'orientation, qui permettra de tirer un premier bilan des nouvelles mesures mises en oeuvre par le Gouvernement. Enfin, la mission a sollicité des contributions auprès de plusieurs ambassades, afin de disposer d'éléments de comparaison internationale sur les actions ou politiques menées en faveur de l'égalité des chances dans l'accès à l'enseignement supérieur.

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