Intervention de Jean François-Poncet

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 3 octobre 2007 : 1ère réunion
Birmanie — Situation intérieure

Photo de Jean François-PoncetJean François-Poncet :

Puis, la commission a entendu une communication de M. Jean François-Poncet sur la visite du premier ministre du gouvernement birman en exil M. Sein Win.

a indiqué avoir reçu, le vendredi 28 septembre 2007, le professeur Sein Win, « premier ministre » du gouvernement de coalition nationale de l'Union de Birmanie (NCGUB). M. Sein Win, qui était en France à l'invitation des autorités françaises du 26 au 30 septembre, avait été précédemment reçu par le président de la République le 26 septembre et par Mme Rama Yade, secrétaire d'Etat aux affaires étrangères et aux droits de l'homme.

Cette organisation d'opposants birmans en exil rassemble des élus de la plupart des partis représentés aux élections de 1990, largement remportées par la ligue nationale pour la démocratie (LND), le parti de Mme Aung San Suu Kyi (ASSK), prix Nobel de la paix.

Il a rappelé que les émeutes qui se déroulent depuis six semaines en Birmanie avaient pour origine une décision du gouvernement birman d'augmenter considérablement les prix de l'énergie. Il s'agit donc, au départ, d'une révolte de la pauvreté dans un pays où, selon la Banque mondiale, un ménage sur quatre vit en dessous du seuil de pauvreté. Le rôle des moines bouddhistes, au nombre de 500 000 en Birmanie, et qui sont extrêmement proches de la population, a été fondamental. La répression sévère qui a affecté cette communauté et les monastères bouddhistes a eu un impact profond sur la population qui en est solidaire.

Le professeur Sein Win a indiqué que la junte était profondément embarrassée par ces événements et souhaitait trouver un moyen de sortie de crise. Outre la publicité donnée à la répression par les moyens de communication actuels, il est probable qu'existent des divergences en son sein.

a souligné que la junte, membre de l'ASEAN et de l'OMC, bénéficiait, jusqu'à présent, du soutien des Etats de la région, ce qui explique la solidité de son assise et son maintien au pouvoir depuis 1962. Les sanctions occidentales n'ont, dans ce contexte, qu'une efficacité marginale. S'agissant de la France, la part de la Birmanie dans le commerce extérieur représente 0,003 %, en ce qui concerne nos exportations, et 0,001 % pour nos importations.

Si le groupe Total a fait des investissements extrêmement importants en matière d'exploitation des ressources gazières à destination de la Thaïlande, M. Jean François-Poncet a noté que le professeur Sein Win et l'opposition ne demandaient pas le retrait de cette entreprise, mais le gel de ses investissements. La même demande a du reste été faite par le président de la République à l'issue de l'entretien qu'il a eu avec M. Sein Win.

L'objectif de l'opposition birmane n'est pas le renversement impossible de la junte, mais l'ouverture d'un dialogue et une évolution progressive du type de celle qu'a connue l'Afrique du Sud pour sortir du régime d'apartheid. Le temps présent peut être propice à une ouverture, puisque la junte est à un carrefour et que la position de ses voisins, en particulier de la Chine, s'infléchit, notamment dans le contexte de la tenue des Jeux olympiques de 2008 à Pékin.

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