Intervention de Richard Descoings

Commission des affaires culturelles, familiales et sociales — Réunion du 8 avril 2009 : 1ère réunion
Audition de M. Richard deScoings président de la mission de concertation pour la réforme du lycée

Richard Descoings, président de la mission de concertation pour la réforme du lycée :

Après avoir indiqué qu'il n'avait pas été chargé de présider une nouvelle commission sur la réforme du lycée, mais de réaliser un état des lieux des différentes positions sur cette question, M. Richard Descoings a affirmé qu'il n'y avait, à son sens, aucun consensus social sur les finalités du lycée.

Il a indiqué qu'après avoir visité quarante-trois lycées dans de nombreux départements, il pouvait d'ores et déjà formuler les observations suivantes :

- malgré la création du collège unique, qui a transformé la physionomie de l'ensemble de l'enseignement secondaire, le lycée général n'a pas changé. Cette stabilité s'explique par les modalités du processus de démocratisation, qui s'est essentiellement traduit par l'essor des effectifs des filières technologiques et professionnelles. L'organisation de la scolarité au sein du lycée général reste donc gouvernée par les mêmes principes. Les rythmes d'enseignement sont ainsi demeurés identiques, les journées commençant à 8 heures et s'achevant à 17 heures ou à 18 heures. De même, les enseignements optionnels continuent à être organisés durant la pause méridienne. Quant aux différentes formes d'accompagnement personnalisé des élèves, elles prennent place aux mêmes horaires, souvent tardifs, ce qui n'est sans doute pas de la plus grande efficacité ;

- dans le même temps, les élèves eux-mêmes ont changé : leurs capacités d'attention sont différentes, leurs rythmes ont également évolué et l'on peut formuler l'hypothèse que leurs attentes ne sont plus les mêmes. Il y a donc un contraste certain entre la grande stabilité des structures scolaires au lycée et la transformation du public qu'il accueille.

a ensuite précisé que cette situation faisait naître quatre débats :

- une partie non négligeable des enseignants estime qu'il n'y a pas lieu d'adapter l'organisation de la scolarité aux nouvelles caractéristiques des élèves. Le faire, ce serait en effet sacrifier les exigences et, partant, les ambitions du lycée, aboutissant alors de fait à une « primarisation » de l'enseignement secondaire. De plus, cela supposerait également de revenir sur l'organisation disciplinaire de la scolarité, alors même que le corps professoral y est extrêmement attaché. Enfin, cela reviendrait à vider le vivier de recrutement des classes préparatoires aux grandes écoles et à renoncer à un certain idéal de promotion républicaine par le savoir. Pour autant, nombreux sont également les enseignants et les organisations qui les représentent à estimer qu'une transformation du lycée est nécessaire, afin de répondre aux besoins et aux aspirations des élèves ;

- la réforme du lycée conduit également à s'interroger sur le statut de la filière technologique. Certains estiment utile d'en faire une quatrième série de la voie générale, afin de lutter contre les logiques de hiérarchisation qu'induit la distinction des différentes voies. D'autres considèrent que l'existence même des séries technologiques permet de proposer aux élèves un mode d'enseignement plus inductif et, partant, de faire réussir des lycéens auxquels le caractère essentiellement déductif de la pédagogie de la voie générale n'aurait pas convenu ;

- l'organisation du temps scolaire au lycée fait également débat. Le volume horaire d'enseignement est en effet lourd et n'est réellement bien supporté que par un faible nombre d'élèves. La majorité des élèves semble au contraire aspirer à un emploi du temps qui ménage plus de place aux enseignements artistiques, au sport, au soutien scolaire ou aux études dirigées mais pour y parvenir, il faudrait toutefois diminuer de manière substantielle le nombre d'heures de cours magistraux. Or cela ferait nécessairement naître de multiples débats sur la place de chaque discipline dans les cursus d'enseignement. Cela pourrait également donner le sentiment de revoir à la baisse les exigences du cycle terminal. La solution pourrait être de réduire le volume d'enseignement hebdomadaire tout en augmentant le nombre de semaines d'enseignement dans l'année. Mais cela reviendrait à empêcher nombre de lycéens de travailler pendant l'été. Enfin, et en tout état de cause, la refonte des emplois du temps conduirait à ne plus aligner le nombre d'heures d'enseignement suivies sur le nombre d'heures professées, ce qui soulève de nombreuses difficultés en matière de gestion des personnels ;

- au sein des filières générales, les déséquilibres entre séries sont également patents. Ils se traduisent par une domination de la série scientifique, à laquelle les filles accèdent moins que les garçons. Certains préjugés demeurent bien ancrés dans les mentalités collectives et conduisent à orienter massivement les jeunes filles vers la filière littéraire. Pour autant, si les inégalités liées au genre doivent être vigoureusement combattues, il y a lieu de s'interroger sur l'acuité réelle du problème d'attractivité des différentes filières. De fait, seuls 35 % des élèves et des lycéens sont concernés, bien souvent ceux qui rencontrent le moins de difficultés.

Un large débat s'est ensuite engagé.

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