Intervention de Jacques Legendre

Commission des affaires culturelles, familiales et sociales — Réunion du 8 avril 2009 : 1ère réunion
Audition de M. Richard deScoings président de la mission de concertation pour la réforme du lycée

Photo de Jacques LegendreJacques Legendre, président :

a fait observer que la commission s'était déjà saisie, à plusieurs reprises, des questions relatives à la réforme des lycées, notamment à travers la constitution d'un groupe de travail chargé de réaliser un état des lieux du baccalauréat et dont les conclusions ont fait l'objet d'un rapport d'information publié en juin 2008. Au-delà de la définition d'un diagnostic partagé sur la situation de l'enseignement secondaire en France, il a souligné la nécessité de rechercher le consensus le plus large possible sur les réponses opérationnelles à apporter aux problèmes des lycées.

Il a déploré le déséquilibre actuel entre les différentes filières du baccalauréat général, « scientifique », « économique et sociale » et « littéraire » (S, ES et L), qui contraste avec la répartition plus harmonieuse des effectifs entre les anciennes sections « philosophie », « mathématiques élémentaires » et « sciences expérimentales ». Il s'est inquiété, en particulier, de l'effondrement du nombre d'élèves optant pour la filière littéraire au motif que le baccalauréat scientifique s'impose de plus en plus comme la seule voie généraliste d'excellence.

En outre, il a insisté sur la nécessité de préserver la singularité des baccalauréats professionnel et technologique par rapport au baccalauréat général. Il a relevé que les bacheliers généraux font désormais le choix, de plus en plus systématique, de poursuivre des études supérieures à un niveau Bac+3, voire Bac+5, avant de débuter leur carrière professionnelle. Or, l'enseignement secondaire généraliste n'entretient encore que peu de rapports avec l'enseignement supérieur : le baccalauréat général ne joue qu'imparfaitement son rôle de passerelle entre les deux niveaux d'enseignement. A l'inverse, le baccalauréat professionnel constitue une étape formatrice et opérationnelle pour accompagner les bacheliers dans leur entrée sur le marché du travail : ses spécialisations, de plus en plus raffinées, permettent en effet de mieux faire correspondre les enseignements aux besoins des entreprises. Toutefois, une proportion significative de bacheliers professionnels décide d'entreprendre des études supérieures ; or, ce choix n'est pas toujours couronné de succès, si bien que se pose la question de la préparation et de la sensibilisation de ces bacheliers aux difficultés qu'emporte la poursuite d'études longues. Le baccalauréat technologique s'impose, quant à lui, comme la voie intermédiaire privilégiée pour poursuivre des études supérieures courtes ; or, cette alternative attire de plus en plus de lycéens issus des filières générales, avec pour corollaire un risque de rétrécissement des débouchés universitaires et professionnels des bacheliers technologiques. Il importe donc de sécuriser les vocations et les débouchés spécifiques propres à chaque baccalauréat.

Enfin, rappelant qu'il avait été le rapporteur à l'Assemblée nationale de la loi n° 75-620 du 11 juillet 1975 relative à l'éducation, dite loi « Haby », instituant le collège unique, il a indiqué que ce texte, du fait de la réunion dans un collège unique à pédagogie indifférenciée de tous les élèves, y compris des classes technologiques, avait déjà posé la question de la redéfinition du baccalauréat et de ses spécialisations.

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