a indiqué qu'il avait été désigné par le Président du Sénat, à l'invitation des autorités de Géorgie, pour participer en tant qu'observateur international aux trois scrutins organisés concomitamment dans ce pays le 5 janvier 2008 : l'élection présidentielle anticipée et deux référendums, le premier sur la demande d'adhésion de la Géorgie à l'OTAN, l'autre sur l'organisation d'élections législatives au printemps 2008. Il a précisé qu'il avait séjourné dans ce pays du 2 au 8 janvier 2008, d'abord à Tbilissi où il avait eu plusieurs entretiens avec différentes personnalités -notamment Mme Salomé Zourabischvili- puis à Batoumi, sur la Mer Noire, où il avait suivi les opérations électorales et rencontré les représentants de la République autonome d'Adjarie, des responsables économiques et deux hautes autorités religieuses : le Métropolite Dimitri, et le Grand Mufti de Batoumi.
Abordant le déroulement du scrutin, M. Philippe Nogrix a considéré que les opérations s'étaient déroulées dans un climat serein et des conditions techniques acceptables, mais que, sur le plan politique, la consultation marquait un semi-échec du Président Saakachvili, eu égard à la très faible avance dont l'avaient finalement crédité les urnes.
Tout en soulignant qu'il ne pouvait livrer que des observations personnelles -donc parcellaires- il a constaté qu'elles rejoignaient, pour l'essentiel, celles de la majorité des autres observateurs internationaux, pour lesquels le scrutin n'avait pas révélé de faille majeure, qu'il s'agisse des présidents des bureaux de vote, du matériel électoral, de l'agencement des locaux et des isoloirs ou de la présence effective des représentants des candidats et de très nombreux observateurs nationaux et internationaux.
En revanche, M. Philippe Nogrix s'est montré plus réservé sur le dépouillement, qui lui avait paru lent et lourd, entouré d'un formalisme beaucoup trop pointilleux et relativement inefficace. Il a noté, en particulier, le caractère brouillon des décomptes de voix et le traitement approximatif des « enveloppes rouges » correspondant aux suffrages des électeurs non-inscrits sur la liste électorale principale, mais qui justifiaient de leur inscriptibilité dans le ressort du bureau de vote. A cet égard, il s'est interrogé sur la marge de fraude qui avait pu en résulter, élément de nature à discréditer les résultats, compte tenu de la faible avance du vainqueur (moins de 3 %).
a ensuite formulé quelques observations sur la campagne électorale, manifestement déséquilibrée en faveur du « candidat n° 5 », c'est-à-dire le président sortant, qui avait bénéficié d'une couverture médiatique et d'affichage très importante par rapport à ses concurrents.
Dans ce contexte, il a considéré que la consultation du 5 janvier ne représentait pas un succès politique, même si, dès le départ, l'opposition s'était présentée en ordre trop dispersé pour pouvoir espérer l'emporter. Il a craint qu'avec seulement 53 % des voix -et des accusations de fraude électorale difficiles à démentir- le Président géorgien ne soit pas parvenu à redresser son image ternie par l'état d'urgence de novembre 2007, et que finalement, le gain soit nul, et même plutôt défavorable.
a toutefois souligné que les législatives du printemps devaient constituer un test essentiel en redonnant au président une vraie majorité, ou, au contraire, en lui imposant une cohabitation dont, à ce jour, nul ne pouvait prévoir les effets.
Etendant ensuite son propos à la situation géopolitique de la Géorgie en 2008 (pays auquel, à son avis, la France prêtait sans doute insuffisamment d'attention) M. Philippe Nogrix a regretté la faible présence des entreprises françaises, y compris dans leurs secteurs privilégiés d'expertise (traitement des eaux, équipements touristiques, BTP et agro-alimentaire), avec pour conséquence une forte implantation d'autres opérateurs étrangers, les Américains, les Turcs, les Allemands ou les Kazakhstanais, notamment.
Il s'est déclaré frappé par le délabrement de l'agriculture géorgienne -naguère florissante mais laissée à l'abandon avec l'effondrement des structures agraires héritées de l'ex-URSS- par sa dépendance vis-à-vis de ses fournisseurs extérieurs et, apparemment, par ses faibles perspectives économiques à court terme.
Il a, en outre, rappelé l'incidence de l'embargo imposé par la Russie en raison des conflits intérieurs en Ossétie du Sud et en Abkazie, empêchant le Géorgie d'y exporter ses anciennes productions phare comme le vin, les eaux minérales ou les fruits.
Au plan industriel, il a indiqué que la Géorgie vivait principalement du traitement et de l'exportation des ferrailles, ainsi que du transit des hydrocarbures de la Mer Caspienne vers la Mer Noire, via une noria de wagons-citernes déchargeant au terminal pétrolier de Batoumi. Il a également évoqué les grands projets d'oléoducs devant permettre l'acheminement par la Géorgie d'une partie de la production d'hydrocarbures russe.
s'est toutefois montré prudent dans son diagnostic économique, soulignant le poids de l'économie souterraine facilitée par les allégeances claniques, l'influence des capitaux étrangers -dont sans doute beaucoup « d'argent sale »- et l'ampleur des transferts directs d'argent ou des investissements en provenance de la diaspora géorgienne, non comptabilisés dans les statistiques officielles.
A titre d'exemple, il a cité l'intense promotion immobilière et la réalisation d'ambitieux équipements touristiques sur le littoral de la Mer Noire, dont le financement empruntait des voies parfois assez obscures.
En conclusion, M. Philippe Nogrix s'est déclaré convaincu de l'intérêt de resserrer les liens avec la Géorgie, citant, parmi différentes pistes crédibles, la coopération électorale, la coopération économique ou les relations interparlementaires auxquelles, a-t-il rappelé, le groupe interparlementaire d'amitié France-Caucase du Sénat s'employait activement depuis des années.