Oui, nous avons des échanges mais la tâche est difficile. Les parquets classent souvent sans suite les affaires portant sur ces questions ; c'est sans doute lié à la nouveauté de la matière.
Par ailleurs, on m'a interrogé sur la pédagogie en matière de protection des données. Je crois qu'il faut une instruction civique résolument moderne, basée sur les valeurs d'identité et d'intimité. Je suis frappé de constater que les jeunes mélangent souvent intimité et innocence, puisqu'ils n'hésitent pas à livrer sur Internet des informations personnelles, dès lors que, disent-ils, « ils n'ont rien à se reprocher ». Or, le raisonnement selon lequel je n'ai rien à craindre si je n'ai rien à me reprocher est dangereux. C'est la notion d'intimité qui est en cause. Aux personnes qui me disent que cela ne les gêne pas d'être vues avec leur conjoint légitime, j'explique qu'ils ont droit à la même intimité, quelle que soit la personne avec laquelle ils sont. Je revendique le droit de ne pas être vu ni entendu. Ne mélangeons pas intimité et innocence.