En réponse à ces questions, M. Jean-Paul Béchat a tout d'abord précisé que Safran intervenait sur l'A 380 en matière de train d'atterrissage, de nacelles placées autour du moteur ainsi que de systèmes de gestion de toutes les données propres à l'avion, chacun de ces produits constituant des équipements de très haute technologie. Mais il a précisé, qu'à la différence de General Electric, Prat & Whitney et Rolls Royce, son groupe n'avait pas d'offres pour les moteurs de très grande puissance tels qu'utilisés par l'A 380 et que l'entrée sur ce marché constituerait un investissement économiquement non justifié. A l'inverse, il a indiqué que, si Safran n'intervenait pas non plus dans le domaine des petits moteurs aéronautiques civils, un programme était lancé pour les moteurs destinés aux avions régionaux et une réflexion était actuellement menée pour les moteurs destinés aux avions d'affaires.
S'agissant des risques d'éventuelles OPA hostiles, il a rappelé que celles-ci étaient très peu probables du fait de l'actionnariat du groupe -dont 30 % revient à l'Etat et 7 % à Areva- ainsi que des clauses présentes dans ses statuts et visant à protéger les activités stratégiques, en particulier dans le domaine militaire. Précisant le rôle de l'Etat dans la structure du capital, il a fait valoir que c'est sans augmentation de capital qu'avait été réalisé le redressement du groupe à partir de 1996, date à laquelle les fonds propres de la Snecma étaient négatifs après plusieurs années de lourdes pertes. Il a précisé que ce relèvement s'était accompagné du quadruplement du chiffre d'affaires réalisé, ainsi que de l'augmentation très sensible de la profitabilité de l'entreprise. Il a estimé que l'Etat n'avait pas entravé le développement de l'entreprise, quelle que soit sa part du capital : celle-ci étant revenue de 97 % avant l'ouverture du capital à 30 % aujourd'hui.
Sur l'opportunité d'une éventuelle fusion avec Thales, M. Jean-Paul Béchat a indiqué que sa position n'avait pas changé depuis les discussions sur le sujet en 2003-2004. Il a expliqué qu'il ne voyait toujours aucun intérêt à entrer dans des activités de « systémier » majeur en concurrence avec les clients de Safran que sont les sociétés du groupe EADS, de BAE system ou BOEING. Il a ajouté à ces réserves le fait qu'au travers de la fusion Snecma, Sagem, Safran dispose désormais d'un savoir-faire en matière électronique, rendant d'autant moins nécessaire un rapprochement avec Thales. Il a indiqué qu'il suivait avec beaucoup d'intérêt les options actuellement ouvertes pour l'avenir de Thales, qui pourraient consister soit en un rapprochement avec EADS afin de constituer un pendant européen de Boeing, soit en une fusion avec Alcatel afin de constituer un grand groupe électronique français.
En matière d'innovation, il a reconnu la nécessité pour la France et pour l'Europe d'intensifier leurs efforts de recherche et de développement, en précisant à ce titre que Safran y consacrait 8 % de son chiffre d'affaires, ce qui représente 800 millions d'euros sur les 1,9 milliard de ressources tirées des ventes. Il a réservé sa réponse sur le projet de TVA de compétitivité, estimant qu'elle s'inscrivait dans un débat plus large de politique économique.