Oui, un deuxième PNRU est nécessaire : les maires de toutes couleurs politiques le disent. Il y faudra 9 milliards d'euros entre 2013 et 2018. Or l'État s'est désengagé financièrement. Les conséquences sont désastreuses : le conseil d'administration et les comités d'engagement de l'ANRU, sous l'influence des bâilleurs de fonds, refusent les projets où la qualité de l'espace public occupe trop de place, et ne veulent reconstruire que des logements, au détriment de la pluralité fonctionnelle des quartiers. Ce n'est pas le sens du renouvellement urbain voulu par M. Jean-Louis Borloo.
Comme l'a dit Marc Daunis, tout le monde ne se rend pas compte de la gravité de la situation : 5 à 6 millions de personnes vivent dans les quartiers défavorisés. Ce que je crains, ce ne sont pas des émeutes mais la hausse de l'abstention, qui atteint parfois 70 % : cette abstention est active et non passive, ce qui témoigne d'un rejet. Je vous renvoie au livre de Gilles Kepel. A terme, on peut craindre des dérives peu républicaines.
En effet, Yannick Vaugrenard, le rabot est mal réglé ! En déplacement à Montfermeil, le ministre de l'Intérieur a exigé que les immigrés apprennent mieux le français : fort bien. Mais le Gouvernement réduit de 20 % les subventions aux associations qui le leur enseignent !
L'un des rares défauts du premier PNRU, c'est de n'avoir pas exigé assez de reconstructions : le taux de reconstruction n'atteint que 80 %, alors que les besoins sont immenses dans certaines régions. La stratégie de l'ANRU a évolué au fil des ans : d'abord très favorable à la démolition et à la reconstruction, elle a compris que la résidentialisation et la réhabilitation coûtaient moins cher et produisaient de meilleurs effets. Mais on reconstruit trop souvent sur place, alors que l'esprit de la loi était de disséminer les logements sociaux.
Enfin, Daniel Dubois, je serais enchanté que de l'argent privé soit investi dans les banlieues !