Face à la crise du monde paysan, ce budget manque d'ambition. On nous dit que les prix, c'est l'Europe. Mais quand un agriculteur vend ses melons ou ses salades 5 ou 10 centimes pièce, l'hypermarché les revend 1 euro. « Es caluc », vous aurait répondu un gars de chez nous si vous lui aviez annoncé il y a dix ans qu'il paierait sa salade 7 francs.
La filière des fruits et légumes est en grave difficulté. La viticulture s'en sort un peu mieux, mais ce n'est guère brillant. On ne peut pas dire que l'élevage aille mieux : l'année 2011 a été catastrophique, avec la sécheresse. Les ventes à l'étranger restent faibles. Le budget de la Sopexa est même en baisse.
Je n'exprime de préférence pour aucun secteur de l'agriculture et suis pour la paix syndicale, mais il faut réfléchir à la redistribution des aides, qui favorise pour le moment les très grandes exploitations. Si un élevage sur deux continue à disparaître, on aura bientôt des fermes de 1 000 hectares ! Et si le système donne une prime pour 300 vaches allaitantes, elle sera prise par ceux qui souhaitent faire du chiffre d'affaires ! Peut-être faut-il plafonner les aides ?
Concernant l'eau, je salue l'action de Georges Frêche qui avait fait construire Aqua Domitia. J'étais hier à une réunion de la Compagnie Bas-Rhône Languedoc (BRL) : 5 millions d'euros vont être dépensés pour construire une canalisation et fournir de l'eau pour la consommation humaine et tous les usages agricoles. Les vignerons disaient : « C'est bien simple : lorsqu'il n'y aura plus d'eau, nous ne pourrons plus produire ! » Mais le rapporteur nous indique que le budget hydraulique agricole est inférieur à 2 millions...
Encore un mot : je sais bien que l'agriculture sert à nourrir la population et à exporter, mais elle contribue aussi à l'aménagement et à l'entretien de l'espace. Il faut le répéter, si l'on veut que notre beau pays reste entretenu.