En réponse aux différents intervenants, M. Bernard Bigot a apporté les éléments d'information suivants :
- le projet de réacteur nucléaire Astrid vise à tirer l'expérience de Phénix, qui vient de fermer. Il a estimé, à titre personnel, que la décision antérieure de fermeture de Super Phenix avait fait perdre à la France un temps précieux pour la maîtrise de la filière d'avenir des neutrons rapides ;
- à la première génération de refroidisseur, qui utilisait l'eau des fleuves et de la mer, a succédé une seconde recourant à des tours et diminuant d'un facteur vingt les coûts. Si les volumes d'eau utilisés par les fermes piscicoles sont trop réduits pour être réellement utiles au refroidissement, les eaux utilisées pour celui-ci pourraient en revanche alimenter des réseaux de chaleur ;
- toutes les matières organiques peuvent être utilisées pour la production de biomasse, à condition d'opérer un tri préalable. A cette fin, un démonstrateur devrait être construit et mis en service à Bure-Saudron en 2014 ;
- la fabrication de piles à combustible n'est pas envisageable à court terme. Quant aux batteries électriques, dont plusieurs générations seront amenées à se succéder, elles seront renouvelables grâce au recyclage du lithium et devront faire preuve d'une parfaite fiabilité. Un partenariat a été noué entre Renault-Nissan et le CEA pour leur mise au point. Etroitement liée à l'usage qui est fait de la voiture, la durée de vie des batteries est aujourd'hui améliorée au moyen de régulateurs électroniques. La « voiture du futur » sera vraisemblablement hybride, utilisant l'énergie électrique pour les petits trajets et le combustible à hydrogène pour les plus importants ;
- les nanotechnologies sont sources d'inquiétudes exagérées, du fait de leur instrumentalisation par certains groupes de pression peu représentatifs, alors qu'elles sont maîtrisées et que les nano particules existent depuis très longtemps dans notre environnement ;
- les projets du CEA en matière de santé et de sciences du vivant sont relativement ciblés. La rencontre des différents acteurs au sein des alliances créées en ce domaine, à l'initiative du CEA, est fructueuse et devrait permettre d'éviter les doublons ;
- si la France n'a pas perdu son savoir-faire industriel dans le nucléaire, elle n'a, en revanche, pas su adapter son offre à la diversité de la demande étrangère. Ainsi, la perte du marché des Emirats arabes unis s'explique par la présentation d'une offre limitée aux équipements là où était attendue une offre de services ;
- la direction de la recherche technologique, qui compte 600 personnes, s'occupe des énergies renouvelables au sein du CEA, cette thématique connaissant une forte montée en puissance ;
- la rapidité de la mise en oeuvre du « grand emprunt » sera déterminante pour son efficacité. Les sommes mobilisées dans ce cadre doivent être concentrées sur certaines priorités, telles que les batteries électriques, et l'action des industriels doit être suffisamment coordonnée ;
- le fonctionnement du marché du nucléaire civil s'apparente à celui du militaire, dans la mesure où le combustible doit être recyclé. Aucune structure privée ne pouvant garantir la pérennité du stockage géologique profond des déchets ultimes sur plusieurs siècles, il appartiendra à l'Etat d'en assumer la responsabilité.