A M. Jean-François Humbert, président, qui l'interrogeait sur l'évolution des phénomènes de pauvreté et d'exclusion, Mme Henriette Steinberg a répondu qu'ils tendaient à s'aggraver, comme l'illustraient de récentes études réalisées par son association. Soulignant que la pauvreté ne devait pas être exclusivement appréhendée en termes monétaires, elle a souligné en particulier l'augmentation du nombre de personnes âgées en situation précaire, bien que non dépourvues de ressources ; de familles monoparentales, surtout constitués de mères et de très jeunes enfants, dont le coût d'éducation est particulièrement élevé ; de jeunes touchés par l'obésité ou encore de travailleurs pauvres. Ces évolutions, a-t-elle ajouté, sont constatées sur l'ensemble du territoire, y compris dans les campagnes, où se trouvent de nombreux néo-ruraux, anciens citadins rejetés hors des villes.
A M. Jean-François Humbert, président, qui lui demandait des précisions sur l'efficacité des politiques sociales mises en place, Mme Henriette Steinberg a souligné la difficulté à identifier l'origine institutionnelle des mesures de soutien que gère son association. Insistant à nouveau sur les effets négatifs de l'instauration de seuils d'attribution de droits, elle a déploré que ceux-ci aboutissent souvent à aggraver les conditions de vie des personnes cherchant à se réinsérer socialement, en particulier les anciens détenus. Elle a également regretté, par exemple, que les personnes aux faibles moyens soient conduites à grever leur forfait de téléphone mobile pour joindre les services sociaux des administrations.
l'ayant questionnée sur la mise en place annoncée d'un livret A spécifique pour les personnes les plus en difficulté, Mme Henriette Steinberg a indiqué que son association avait été consultée la semaine précédente par M. Michel Camdessus, ancien gouverneur de la Banque de France, sur l'extension dudit livret à l'ensemble du réseau bancaire, estimant qu'il faudrait, en tout état de cause, éviter toute mesure stigmatisant les publics ciblés.
Répondant à une interrogation de M. Jean-François Humbert, président, sur les mesures de soutien à l'enfance et aux familles, Mme Henriette Steinberg a regretté que les services sociaux, plutôt que d'aider les foyers risquant de perdre leur logement à le conserver, leur enlèvent leurs enfants pour les remettre à des structures d'accueil onéreuses.
Elle a par ailleurs déploré que le revenu de solidarité active (RSA) ne soit octroyé qu'aux personnes dont les revenus sont situés au-dessous d'un seuil fixé à 817 euros par mois, tout en considérant de façon positive son lien avec l'activité. Faisant référence à un sondage montrant que les Français situaient le seuil de pauvreté à environ 1.000 euros de revenus mensuels, elle a indiqué que la démarche du Secours populaire consistait à s'interroger, à l'inverse, sur les conditions minimales d'une vie décente. Soulignant l'intérêt de l'objectif global de réduction d'un tiers de la pauvreté d'ici cinq ans, elle a néanmoins souligné que le Secours populaire accorderait une situation particulière aux deux tiers restants.
Répondant à une question de M. Jean-François Humbert, président, sur la mise en place éventuelle d'un revenu minimum d'existence, Mme Henriette Steinberg a précisé que cette approche n'était pas retenue par son association et insisté sur l'importance du travail et du revenu qui en est issu pour la dignité de la personne. Indiquant que le Secours populaire français accordait la priorité à l'enfant, à la sécurisation de son parcours et à l'occupation de ses temps de loisirs et de vacances, elle a déploré que ne soient pas suffisamment prises en compte les situations individuelles dans l'élaboration et la mise en oeuvre des politiques publiques.