Intervention de Christine Lagarde

Commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation — Réunion du 19 janvier 2011 : 2ème réunion
Crise financière en europe mise en oeuvre du mécanisme européen de stabilisation et livret a — Audition de Mme Christine Lagarde ministre de l'économie des finances et de l'industrie

Christine Lagarde, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie :

Cette tolérance nécessaire évoluera en fonction des efforts de chacun dans le cadre d'un paquet global. Je ne peux parler à la place de la BCE, vous le savez bien.

M. Bernard-Reymond a évoqué les divergences franco-allemandes. Nous avons beaucoup plus de convergences que de divergences aujourd'hui. Ces dernières, sur lesquelles j'espère que nous progresserons rapidement, ont trait au rôle du fonds européen de stabilité : comment doit-il s'engager, quelle est la participation du secteur privé en cas de défaillance d'un État, quelle doit-être la taille de l'instrument ? A chaque fois, la chancelière allemande doit se tourner vers chacun des membres de sa coalition pour savoir quelle est sa marge de manoeuvre. En revanche, je ne doute pas de la détermination allemande pour défendre la zone euro.

Juste avant de prendre la présidence européenne, le ministre des finances hongrois est venu me voir et un médiateur a été nommé. On nous dit que les règles fiscales de son pays ne sont pas discriminatoires à l'égard des entreprises étrangères mais, curieusement, ce sont exclusivement ces dernières qui sont touchées. J'espère que le médiateur fera des propositions avant la fin de la présidence hongroise, afin que l'on dispose d'un effet de levier. Nous serons également très attentifs sur la réforme du système de retraites hongrois, notamment son deuxième pilier.

Y a-t-il un complot américain ou de certains financiers à l'encontre de l'Europe, alors que les résultats de cette dernière sont plutôt supérieurs à ceux des États-Unis et du Japon ? Pour moi, la raison est plutôt d'ordre culturel. Les investisseurs ont beaucoup de mal à comprendre ce qui se passe chez nous. J'ai rencontré divers investisseurs à New York et à Singapour : ils sont très sceptiques sur notre mode de fonctionnement, sur la pérennité de notre gouvernance et sur la détermination franco-allemande. Notre façon de communiquer nous dessert considérablement. J'ai rencontré les deux grands fonds souverains singapouriens : ils ne nous comprennent pas et c'est pourquoi nous ne sommes pas aussi bien traités que nous devrions l'être.

Bien évidemment, le lien avec le G20 est indispensable et l'agenda du Président de la République est parfaitement cohérent avec notre souci de la stabilité.

M. Arthuis m'a demandé si nous avions aidé les pays ou les banques. Ne croyez-vous pas plutôt que risques bancaires et risques souverains sont étroitement liés ? Aucun État ne peut prendre le risque de se désintéresser de l'épargne de ses concitoyens, et c'était toute la vertu du discours de Toulon prononcé par le Président de la République qui avait annoncé, très tôt dans la crise, que le Gouvernement ne laisserait pas tomber les banques, et que l'épargne des Français ne serait jamais en péril.

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