Intervention de Jean-Pierre Sueur

Délégation sénatoriale à la prospective — Réunion du 10 mars 2011 : 1ère réunion
La prospective des années collège dans les territoires urbains sensibles — Présentation du rapport d'information

Photo de Jean-Pierre SueurJean-Pierre Sueur :

Il ne s'agit pas de créer une sorte de « magma » politique car les oppositions sont utiles à la démocratie, mais quand ces oppositions deviennent rituelles, elles ne sont plus crédibles. L'idée d'avoir des convergences fortes sur des sujets comme celui-là est importante, et pourrait se concrétiser par exemple en confiant des études à deux rapporteurs, l'un de la majorité et l'autre de l'opposition.

Ce rapport sur les années collège, qui ne dramatise pas la situation, reflète un sentiment de sympathie à l'égard des habitants des quartiers. Je suis favorable à ce type d'approche. Il est en effet exaspérant que l'on parle toujours des quartiers dans des termes négatifs. La diversité des nationalités est par exemple une richesse considérable. Quant à la sécurité, elle n'est pas forcément mieux assurée dans les autres quartiers, ceux dont on ne parle jamais.

La politique de la ville a stigmatisé les quartiers, ce qui a contribué à leurs difficultés : personne ne veut habiter dans une « zone ». Nous sommes responsables de ne pas avoir mené l'action nécessaire pour changer ces périphéries verticales créées dans l'après guerre.

Une solution consisterait à diversifier les usages de la ville, à l'image de ce qui peut se pratiquer en agriculture dans le système de la jachère. Lorsqu'on démolit, il faut ré-urbaniser de façon diverse. La ville des années 1960 est monofonctionnelle ; il faut recomposer des endroits où il y a plusieurs fonctions, c'est-à-dire rassembler par exemple une université, des commerces, des logements sociaux etc.

Il faut simplifier la politique de la ville et mener une vraie politique urbaine qui soit aussi sociale, d'architecture, d'environnement etc. J'avais soutenu l'idée des ZEP lors de leur création, afin de « donner plus à ceux qui ont moins ». Mais aujourd'hui on constate que, dès lors qu'une école est en ZEP, l'évitement augmente et on finit par y fermer des classes. Le zonage est stigmatisant. Déplacer le collège peut favoriser la mixité sociale. Le collège unique est aujourd'hui une fiction. Il faut imaginer, au sein du collège, différents parcours de réussite. La question de la carte scolaire se pose aussi.

Enfin, je m'interroge sur cette formulation, employée dans le rapport : « assurer la relation à la double culture et à la religion ». Il me semble que cette injonction pourrait être mal interprétée, au nom du principe de laïcité ; par conséquent il conviendrait peut-être de la formuler différemment.

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