a apporté les éléments de réponse suivants :
- l'Afrique doit demeurer une priorité pour la France et l'afro-pessimisme ne reflète pas la véritable situation du continent. En revanche, les modes d'intervention de la France doivent être renouvelés. En Afrique même, la plupart des pays émergents ont d'ailleurs une politique propre, dont notre pays doit tenir compte. Avec l'Afrique du Sud, où la France jouit d'une bonne image, le dialogue stratégique doit être approfondi. Des partenariats peuvent aussi être envisagés avec le Brésil, notamment dans les domaines agricoles ou des bio-énergies. L'Inde, dans ses actions de coopération, prend acte de la réalité francophone en Afrique. La Chine doit, quant à elle, encore être incitée à ne pas trop ignorer les règles de la gouvernance mondiale. Le contenu de l'initiative IBSA par laquelle l'Inde, le Brésil et l'Afrique du Sud ont affirmé, en juin 2003, leur intention de mieux coopérer, ne paraît pas encore substantiel, mais mérite d'être suivi ;
- la francophonie doit prendre une dimension active. A cet égard, l'effet de levier des dépenses consacrées au réseau des établissements scolaires français à l'étranger est certainement le plus important et doit bénéficier d'une priorité budgétaire. S'agissant de l'accueil de stagiaires étrangers, dans le cadre du collège interarmées de défense (CID), le ministère de la défense accomplit un travail exemplaire ;
- l'Union européenne n'a pas de stratégie globale à l'égard des pays émergents et la cohérence des politiques menées par les différentes directions générales concernées n'est pas assurée. Les négociations à l'OMC soulèvent pourtant une véritable question stratégique pour déterminer, notamment, si l'Union doit se focaliser sur les négociations multilatérales ou envisager des partenariats bilatéraux, comme avec le Mercosur. Pour beaucoup de pays émergents, l'Union européenne reste peu visible et, seules, les nations apparaissent vraiment. Au demeurant, pour ce qui est de la conquête de marchés nouveaux ou pour la promotion de la langue, ce sont les nations qui sont les acteurs principaux ;
- les moyens de la recherche française sur les pays émergents doivent être mis en réseau. Ainsi les travaux de l'Institut national des langues et civilisations orientales et ceux des centres de recherche universitaires sont de grande qualité, mais restent insuffisamment exploités par l'appareil diplomatique français ;
- dans chaque pays, il incombe à l'ambassadeur d'assurer la direction effective et la mise en cohérence des différents réseaux de l'action extérieure de l'Etat. Un plus grand « métissage » des cultures administratives (entre diplomates, économistes, experts environnementaux...) doit pouvoir être réalisé au sein d'une même structure, au service d'une politique globale. Le réseau commercial doit également être davantage rationalisé, entre les fonctions de souveraineté (PEE), les missions de non-souveraineté (Ubifrance) et le rôle des chambres de commerce françaises à l'étranger ;
- la France doit considérer l'exemple australien en matière d'accueil des étudiants étrangers, où des tuteurs -bénévoles ou non- se chargent d'accompagner l'étudiant étranger dans ses diverses démarches et dans sa nouvelle existence ;
- s'agissant de la récente opération conduite par Mittal Steel, même si les deux dossiers ne sont pas exactement comparables, il faut se rappeler que le précédent de Péchiney a été un échec collectif dont il convient de tirer les enseignements. Des partenariats doivent être noués à l'échelon européen afin que les centres de décision des entreprises restent sur le territoire communautaire. Le rachat d'une entreprise française par un acteur économique étranger n'est pas toujours synonyme de catastrophe, mais il reste préférable que les centres de décision ne quittent pas l'Europe ;
- le bien-fondé de la coopération décentralisée fait aujourd'hui l'objet d'un consensus et l'organisation d'une importante réunion récemment consacrée au Brésil par la région Provence-Alpes-Côte d'Azur en constitue l'illustration ;
- la définition de zones d'intervention prioritaires pour l'action de la France à l'étranger, comme la ZSP ou la Réserve Pays émergents (RPE) doit effectivement faire l'objet d'une mise en cohérence, en veillant à éviter toute redondance lors d'un élargissement futur du champ d'intervention de l'AFD.