En réponse à ces interrogations, M. Xavier Darcos, ministre de l'éducation nationale, a apporté les précisions suivantes :
- parmi les 72 heures libérées par la suppression du samedi matin, seules 60 seront effectivement consacrées à la prise en charge des élèves en difficulté. Les 12 heures restantes permettront aux enseignants de se former, de se concerter et d'entretenir de nouvelles relations avec les familles, chacune de ces activités étant nécessaire pour assurer le succès de la nouvelle manière d'accompagner les élèves qui est au coeur de la réforme du rythme scolaire ;
- les cycles demeurent et leurs bornes ne sont pas modifiées. Toutefois, il a paru utile d'organiser des étapes plus nettes au sein de ces cycles, en prévoyant une progression par classe ;
- l'apprentissage de la langue maternelle est la condition même de tous les autres enseignements. C'est pourquoi la place prépondérante qui est faite au français ne met pas en péril les autres disciplines, mais leur garantit l'assise sans laquelle elles ne sauraient véritablement être apprises ;
- il est impossible de s'attacher à la question de la maternelle sans prendre au sérieux les besoins différents des élèves selon les niveaux. Les petites et moyennes sections sont des classes où les jeunes écoliers ont des besoins particuliers qui doivent être satisfaits. A partir de la grande section, les élèves commencent à entrer dans un âge scolaire. Les programmes doivent tenir compte de cette réalité et permettre à chaque enfant d'apprendre à entrer en rapport à autrui, à discipliner son travail et à se préparer à l'apprentissage de la lecture et de l'écriture. Sans doute tout cela suppose-t-il une formation particulière pour les enseignants et cela sera donc pris en compte à l'occasion de la réforme des concours de la fonction publique qui s'annonce ;
- les collectivités qui pratiquent l'ARS pourront continuer à le faire, le ministère de l'éducation nationale étant prêt à les y aider en ayant recours aux heures supplémentaires prévues par la loi de finances pour 2008 ;
- l'ensemble des chantiers ouverts dans l'éducation nationale depuis quelques mois forme un ensemble cohérent. Il y a bien une unité globale de la question scolaire qui suppose de travailler à la fois sur les programmes de maternelle et sur l'organisation du lycée. Au demeurant, l'ensemble des études publiées par les experts tant nationaux qu'internationaux démontre que notre école doit être réformée dans son ensemble. S'agissant en particulier du primaire, il paraît difficile de se satisfaire des résultats de l'enquête du Programme international de recherche en lecture scolaire (PIRLS), qui classe la France parmi les 5 pays dont les performances sont les moins bonnes, alors même que de tous les pays concernés, la France est celui où la scolarité commence le plus tôt, où les élèves ont 20 % d'heures de cours de plus en moyenne que leurs camarades étrangers et où le taux d'encadrement est le meilleur. Dans ces conditions, il apparaît évidemment nécessaire d' agir et de le faire globalement ;
- l'école primaire échoue pour l'heure à atténuer l'effet des déterminants sociaux sur la réussite scolaire. Il est impératif d'y parvenir et c'est la raison même pour laquelle une réforme d'ensemble de cette étape de la scolarité va s'engager. Sans doute les deux heures consacrées à l'accompagnement des élèves ne seront-elles pas suffisantes partout, mais elles marquent un véritable effort et une vraie prise de conscience de la nécessité d'aider les élèves les plus en difficulté à progresser ;
- les résultats de la consultation des enseignants et de l'opinion publique feront l'objet d'une synthèse qui sera publiée sur le site Internet du ministère de l'éducation nationale. Les programmes seront amendés en conséquence ;
- le ministère de l'éducation nationale n'a jamais pris à son compte les critiques qui ont été adressées aux programmes de 2002, dont les qualités étaient évidentes. Toutefois, six ans après leur entrée en vigueur, tout démontre qu'ils n'ont pas permis de résoudre la question du retard scolaire en fin de CM2. Dans ces conditions, il faut prendre acte des faits et s'efforcer d'apprendre « le temps d'apprendre » à une génération plus habituée à un incessant zapping qu'aux travaux studieux qui font la réussite. Au demeurant, on n'apprend pas à pratiquer un sport en méditant sur le destin du ballon ou à pratiquer les arts en s'interrogeant longuement sur la démarche que l'on va adopter. Il en va de même pour le français et les mathématiques ;
- la grille horaire des enseignements n'a pas été publiée au même moment que les projets de programme afin de tenir compte des résultats des différentes consultations. Des modifications sont possibles, mais il reste légitime de faire un choix entre les enseignements, en donnant la priorité, à l'école primaire, aux matières dont la maîtrise conditionne le succès de tout apprentissage ultérieur ;
- l'histoire des arts et l'histoire de nos sociétés entretiennent sans aucun doute des liens profonds. Les projets de programme en tiennent compte en organisant l'étude de la première selon les mêmes principes que celle de la seconde ;
- l'expérimentation des regroupements d'école sous forme d'établissements publics d'enseignement primaire (EPEP) est en cours. Cette nouvelle structure pourrait réunir toutes les écoles d'une même ville moyenne ainsi que celles de différentes communes en zone rurale en un seul EPEP, doté d'un directeur, d'une vraie structure administrative et offrant un interlocuteur unique aux collectivités territoriales ;
- la nécessité d'une approche sensible de la nature sera inscrite dans les programmes tels qu'ils seront rédigés à l'issue de la concertation.