Intervention de Laurent Wauquiez

Mission d'évaluation et de contrôle de la sécurité sociale — Réunion du 6 avril 2010 : 1ère réunion
Rendez-vous 2010 pour les retraites — Audition de M. Laurent Wauquiez secrétaire d'etat chargé de l'emploi

Laurent Wauquiez, secrétaire d'Etat chargé de l'emploi :

a tout d'abord estimé que le problème de l'accès des seniors à l'emploi n'est pas un problème de statut juridique. En revanche, il est nécessaire de s'attaquer à certains verrous, tels que les préretraites, l'impossibilité d'accéder à la formation professionnelle à partir d'un certain âge ou l'inadaptation de certaines machines aux seniors. En renouvelant son parc de machines pour la fabrication des pneus, Michelin a pu maintenir dans l'emploi davantage de seniors. Il est également nécessaire de développer les bilans de carrière en envisageant les postes qui pourraient être occupés par les salariés au cours de leurs dernières années d'activité et à quelles conditions.

Par ailleurs, il faut faciliter l'embauche des seniors et, pour parvenir à cet objectif, l'évaluation en milieu de travail est un excellent outil qui permet souvent de convaincre les employeurs que les seniors peuvent apporter beaucoup à l'entreprise.

L'âge légal de départ à la retraite a évidemment un impact sur l'emploi des seniors. Mais les deux sujets doivent être traités ensemble et l'élévation éventuelle de cet âge ne peut être menée sans une politique vigoureuse en faveur de l'emploi des seniors.

Assurément, la récente crise a eu des effets très douloureux sur l'emploi. Mais il est illusoire de faire face à la crise en gérant la politique de l'emploi sous forme de discriminations entre les âges. Il n'y a pas de raison de préserver seulement l'emploi des trente-cinquante ans au détriment des plus jeunes et des seniors. Opposer les générations entre elles n'est pas une voie d'avenir.

A ce jour, 98 branches sur 160 environ négocient ou ont négocié un accord sur l'emploi des seniors, ce qui représente une proportion considérable, certaines branches étant en réalité en sommeil. Ces accords concernent les principales branches et tous les périmètres d'activité. 79 de ces négociations ont déjà abouti et ont été validées par l'administration, ce qui correspond à neuf millions de salariés. Si l'on ajoute à cela les 30 000 accords d'entreprises ou plans d'action qui ont été engagés, ce sont treize millions de salariés qui sont couverts par un accord de branche ou un accord d'entreprise. Les dispositifs de tutorat sont ceux qui intéressent le plus les entreprises. Certaines entreprises se sont engagées à ne plus prendre en compte l'âge parmi les critères de recrutement. De nombreuses mesures concernent également les conditions de travail et la lutte contre la pénibilité.

Sur l'apprentissage et l'alternance, il convient de se rappeler qu'il y a quelques années, certaines filières ne parvenaient pas à recruter des apprentis. Les mentalités ont changé et ces filières sont aujourd'hui très recherchées. Malgré la crise, l'alternance ne s'est pas effondrée en 2009 et a même connu une légère progression. Il reste cependant des obstacles au développement de ces dispositifs. Le système de mise en relation des entreprises est beaucoup trop artisanal. A titre d'exemple, aucun site Internet ne rassemble l'ensemble des besoins des entreprises et des candidatures des jeunes. Par ailleurs, il faut faciliter les déplacements de ces jeunes, qui n'ont souvent pas leur permis de conduire, lorsqu'une entreprise éloignée de leur domicile et de leur centre de formation accepte de les accueillir ; cela peut impliquer le développement des internats et des capacités d'hébergement liées aux centres de formation d'apprentis, ainsi que la possibilité de prendre en charge les frais de mobilité de ces jeunes.

Il faut également avoir conscience que l'alternance ne se développera plus beaucoup dans certains secteurs qui l'utilisent déjà fortement, comme le bâtiment ou la restauration, et qu'elle doit maintenant s'étendre à d'autres secteurs (informatique, fonction publique territoriale...) et métiers (employés et cadres de banque, commerciaux, ingénieurs). Pour parvenir à ces résultats, il faut que les grandes entreprises jouent davantage le jeu. Les engagements pris par certains grands groupes dans le cadre de la mission confiée à Henri Proglio ont été tenus et doivent servir d'exemple. Pour faciliter le développement de l'apprentissage dans les grandes entreprises, il faut renoncer à l'idée selon laquelle l'apprentissage débouche nécessairement sur un emploi dans l'entreprise où il se déroule. Il paraît plus utile que les grands groupes accueillent des apprentis puis en orientent certains vers leurs sous-traitants qui peuvent être susceptibles de les embaucher et n'ont pas les moyens de développer une filière d'apprentissage en leur sein.

En ce qui concerne l'allocation d'autonomie, il convient d'abord de laisser se dérouler les expérimentations en cours avant de prendre des décisions. Par ailleurs, cette allocation d'autonomie serait financée par de l'argent public et en consacrer une partie à des cotisations retraites ne crée pas de richesses supplémentaires. Il est plus important de faire en sorte que la sortie de crise bénéficie aux jeunes et aux seniors afin d'accroître l'assiette des cotisations de retraite.

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