Je n'en doute pas et vous remercie de votre présence. Vous avez dit, monsieur le président, que le problème de la désindustrialisation est en grande partie culturel. Sans doute, mais j'ajoute qu'en cette matière, on n'avancera que sur le long terme. Si l'industrie souffre d'une image négative, c'est aussi que les conditions de travail y sont souvent pénibles et que les salaires n'y sont pas toujours très attrayants. Les employeurs portent donc leur part de responsabilité. Les grandes entreprises payent souvent mieux leurs gestionnaires et leurs financiers que leurs ingénieurs. C'est bien toute la culture industrielle qui est à revoir.
L'insuffisance de recherche et développement peut aussi être considérée comme un problème culturel. On reste dans une malheureuse dichotomie entre les formations universitaires, souvent considérées comme trop théoriques et celles des écoles d'ingénieurs, trop techniques pour former de véritables chercheurs. Par où l'on rejoint le problème de la formation permanente et je remercie Nasser Mansouri d'avoir insisté sur la sécurisation des parcours professionnels. Une formation pour tous, car force est de constater qu'elle bénéficie aujourd'hui en priorité à ceux qui sont déjà les plus formés.
Améliorer l'attractivité des entreprises industrielles, c'est aussi y développer le dialogue social. Les représentants du personnel doivent pouvoir aborder les questions touchant à la stratégie de l'entreprise, aux rémunérations - y compris celles des mandataires sociaux... Importent aussi beaucoup les critères d'attribution des bonus, qui ont des conséquences directes sur la gestion des entreprises. Si ces critères reposent sur la valorisation boursière des entreprises, l'objectif, pour les dirigeants, sera de l'augmenter par tous les moyens, pour en retirer un bénéfice. Et ceci au détriment de l'emploi et de toute perspective industrielle.
Plus largement, la gouvernance de l'entreprise, doit être mise en débat avec les instances représentatives du personnel : elle ne l'est pas aujourd'hui, pour être trop souvent envisagée comme une question de pouvoir.
Nous nous sommes beaucoup investis dans les États généraux. Nous avons obtenu la création de l'instance de dialogue permanente que nous réclamions, avec la Convention nationale de l'industrie, du bureau de laquelle je suis membre, et qui réunit tous les partenaires sociaux. Nous y avons mis en place des comités stratégiques de filières, pour mener une réflexion sur leur avenir et les voies de leur restructuration - à laquelle le Fonds stratégique d'investissement doit aider : nos PME restent trop faibles et trop dispersées ; le sévère rapport Volot sur la sous-traitance a proposé quelques pistes pour parvenir à en faire des entreprises de taille intermédiaire, compétitives à l'international et capables de mener une politique de recherche et développement.
Donner une image plus moderne de nos entreprises industrielles, c'est aussi penser à l'Europe, qui reste notre principal débouché. Il est essentiel d'avancer vers une harmonisation des politiques fiscales, sociales et environnementale -intégrant la notion de développement durable. Cela relève de la responsabilité sociale des entreprises et doit constituer une préoccupation centrale des chefs d'entreprise et des partenaires sociaux, dans le dialogue social.