Intervention de Daniel Jouanneau

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 18 février 2009 : 1ère réunion
Audition de son exc. M. Daniel Jouanneau ambassadeur de france au pakistan

Daniel Jouanneau :

En réponse, M. Daniel Jouanneau a précisé que la présence d'Al Qaïda avait attiré au Pakistan de nombreux étrangers -Ouzbeks, Indonésiens, Tchétchènes, Ouigours- dont Islamabad souhaite vivement le départ ; c'est pourquoi le gouvernement cherche à instaurer un cessez-le-feu avec les taliban nationaux en leur proposant une réinsertion au sein de la société. Il faut rappeler que le dialogue conduit par le général Musharraf avec les taliban a eu pour seul résultat de renforcer ces derniers, sans rien apporter au gouvernement. Comme en Afghanistan, la seule sortie de crise possible, in fine, sera politique ;

- la crise du Cachemire, qui a surgi après l'indépendance des deux Etats issus de l'Empire britannique, a conduit le Conseil de sécurité de l'ONU à proposer un référendum permettant aux populations cachemiris de choisir leur nationalité, référendum que l'Inde a constamment refusé ; son organisation, à l'heure actuelle, conduirait peut-être au choix de l'indépendance du Cachemire, plutôt qu'à un souhait de rattachement à l'Inde ou au Pakistan ;

- le président Musharraf avait entrepris une politique de détente avec l'Inde pour dépassionner la crise du Cachemire : ainsi, la frontière entre les deux Cachemire avait été ouverte et des échanges s'étaient instaurés ; son projet visait à rendre le référendum caduc au profit du statu quo, ce que n'ont pas accepté les militaires pakistanais ;

- le président Obama avait initialement le projet de confier à son envoyé spécial, Richard Holbrooke, un mandat de négociation sur le Cachemire, ce qui a immédiatement suscité l'opposition résolue de l'Inde. Le mandat de Richard Holbrooke porte donc uniquement sur le Pakistan et l'Afghanistan. En privé, certains responsables pakistanais admettent que le Cachemire pourrait évoluer vers une plus grande autonomie et que la ligne de contrôle pourrait avoir un caractère définitif. Mais cette issue raisonnée ne prévaudra qu'avec des dirigeants déterminés à l'imposer tant à New-Dehli qu'à Islamabad.

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