Intervention de Gisèle Gautier

Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes — Réunion du 21 novembre 2007 : 1ère réunion
Déplacement à la réunion — Actions menées par les associations de défense des droits des femmes - communication

Photo de Gisèle GautierGisèle Gautier, présidente :

En préambule, Mme Gisèle Gautier, présidente, a adressé ses remerciements à Mme Anne-Marie Payet, sénatrice de La Réunion et membre de la délégation, qui a été à l'initiative de ce déplacement. Elle a rendu hommage à l'action menée par sa collègue dans ce département d'outre-mer.

Elle a ensuite dressé le bilan des trois journées de travail intense qu'elle avait consacrées, au cours de ce déplacement à La Réunion, à la recherche de solutions concrètes pour lutter contre les violences à l'égard des femmes et le syndrome d'alcoolisation foetale, qui sévit non seulement à La Réunion, mais encore dans certaines régions de métropole. Sur ces deux sujets, elle a évoqué les remarquables initiatives conduites par le monde associatif à La Réunion.

a tout d'abord décrit les diverses activités d'accompagnement social en faveur des familles menées par l'Association réunionnaise d'éducation populaire (AREP), par exemple l'animation d'« ateliers parents/enfants » de soutien à la fonction parentale, ou des actions de lutte contre l'illettrisme. Elle a précisé que cette association mettait actuellement en oeuvre une expérimentation de Réseau d'accueil familial temporaire (RAFT), consistant en l'accueil temporaire dans des familles, à titre onéreux, de personnes en situation de rupture familiale, notamment des femmes victimes de violences conjugales. Soulignant l'intérêt de cette formule d'accueil permettant de remédier à l'insuffisance du nombre de places dans les structures d'hébergement temporaire classique, elle s'est inquiétée de la pérennisation du financement de ce projet, dont l'expérimentation a été réalisée grâce au programme européen « Equal ».

Elle a ensuite cité différentes associations dont elle avait rencontré les représentants à l'occasion de ce déplacement qui avait permis, pour la première fois, de les réunir en un même lieu :

- l'association EFOIR (Entreprendre au féminin Océan Indien-Réunion), qui a pour vocation d'encourager l'accès des femmes à la création d'entreprise, ainsi que d'augmenter leur place dans l'activité économique ;

- l'association AMAFAR-EPE (Association des maisons de la famille de La Réunion - Ecole des parents et des éducateurs), qui accueille des personnes en difficulté, et notamment des femmes victimes de violences, organise des groupes de parole dans les quartiers et mène des actions de médiation familiale ou pénale ;

- Animarun, qui développe notamment des activités de lutte contre l'illettrisme, d'information sur les métiers et d'aide à l'orientation ;

- l'association Femmes Solid'Air, qui apporte une aide aux femmes victimes de violences conjugales, en les accompagnant dans leurs démarches administratives ou judiciaires ;

- l'association Chancégal (Agence pour l'égalité des chances entre les hommes et les femmes), qui mène une action essentiellement axée sur la mixité professionnelle en partenariat au niveau local, au niveau régional et au niveau européen, en participant notamment à la mise en oeuvre d'un projet européen « Equal », intitulé « Femmes plus » pour l'orientation et l'insertion de jeunes femmes dans des métiers traditionnellement masculins ;

- et l'association AMARE (Accueil de la mère et de l'enfant à La Réunion), qui se consacre à l'accompagnement et à l'hébergement des jeunes mères en difficulté, les grossesses précoces étant très fréquentes à La Réunion.

Puis Mme Gisèle Gautier, présidente, a évoqué sa rencontre avec les responsables de l'association Réunisaf (Réseau de prévention de l'ensemble des troubles causés par l'alcoolisation foetale) et avec des mères d'enfants victimes du syndrome d'alcoolisation foetale (SAF).

Elle a rappelé l'initiative prise par Mme Anne-Marie Payet pour faire adopter une disposition législative imposant de faire figurer sur les étiquettes des bouteilles de boissons alcoolisées un pictogramme ou un message d'information sur les dangers encourus par les femmes enceintes consommatrices d'alcool. Relevant le coût très élevé de la prise en charge par la collectivité d'enfants handicapés par le SAF, elle a souligné l'intérêt de mener des actions de prévention comme celles qui sont mises en oeuvre par Réunisaf.

Saluant le courage des femmes qui, après être sorties de l'alcoolisme grâce à l'aide de cette association, vont apporter dans les écoles leur témoignage sur les conséquences de leur alcoolisme durant leur grossesse, elle a insisté sur l'efficacité et l'intensité du message qu'elles expriment.

A son tour, Mme Anne-Marie Payet a insisté sur l'émotion et la force de ces témoignages, qui contribuent non seulement à la prévention en général, mais encore à la reconstruction personnelle de celles qui ont vécu cette expérience douloureuse.

a souhaité trouver un moyen de répondre à l'attente de ces femmes réunionnaises, qui ont manifesté l'espoir de venir un jour à Paris, et en particulier au Sénat.

Elle a enfin évoqué l'expérimentation d'un groupe de parole à l'intention d'auteurs de violences conjugales organisé, à La Réunion, par l'Association familiale de prévention, développement et santé (AFPDS), en précisant que l'injonction d'y participer était actuellement prononcée par le parquet au titre d'alternative aux poursuites judiciaires.

Elle a souligné l'acuité du problème des violences conjugales à La Réunion, en indiquant que la consommation d'alcool constituait un facteur aggravant et pourrait être, selon le parquet, à l'origine d'environ 70 % des infractions au total. Elle a ajouté que la représentante du parquet qu'elle avait rencontrée à cette occasion avait formulé le souhait qu'afin de prévenir la récidive, des groupes de parole puissent également être mis en place au cours de l'incarcération des hommes condamnés pour violences conjugales.

En conclusion, constatant que de nombreuses actions, souvent originales, étaient menées avec beaucoup de dynamisme par le monde associatif en faveur des droits des femmes à La Réunion, elle a estimé que ces expériences pourraient utilement servir d'inspiration pour des actions à mener en métropole.

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