Nous sommes donc d'accord : il n'est pas question de fournir des informations nominatives. L'AERES n'a jamais publié de compte rendu nominatif de ses travaux.
Comment faire collaborer les deux comités, demande Marcel Deneux ? Actuellement, ils tiennent des réunions séparées, sauf quatre grand-messes annuelles. Catherine Bréchignac a créé des groupes mixtes, par exemple sur les herbicides : c'est une heureuse initiative, car à 8 ou 10 on travaille mieux qu'à 60. Mais les travaux de ces groupes ne sont pas publiés.
Je suis très attaché à ce que le Haut conseil ait une dimension européenne. J'ai d'ailleurs présidé la société européenne de réanimation, et j'ai l'habitude de travailler avec des collègues européens. L'objectif ne doit pas être de tout uniformiser, mais de tirer parti des expériences étrangères, de pratiquer une sorte de benchmarking.
Le comité économique, éthique et social est celui qui m'intéresse le plus, car c'est lui surtout qui pose problème. Il faut parvenir à le faire travailler, à lui faire préférer l'analyse au dogmatisme. Cela prendra du temps.
M. Alain Chatillon a raison de souligner l'importance des nanotechnologies. Or, bien que Catherine Bréchignac soit une spécialiste mondiale dans ce domaine, le HCB s'y est peu intéressé jusqu'à présent. Pour ma part, je suis de très près ce sujet : je viens de participer à un ouvrage collectif avec le Centre de l'énergie atomique (CEA) sur les risques des nanotechnologies appliquées.
Si j'avais déjà une stratégie pour combler notre retard, je vous l'exposerais. J'ai cependant quelques pistes : faire collaborer les deux comités, communiquer avec le public, gagner la confiance des acteurs, comme nous avons su le faire à l'AERES, ce qui nécessite de travailler de manière transparente et indépendante.
Je remercie M. Jean-Jacques Mirassou de reconnaître les qualités humaines des médecins. Je suis attaché comme lui à ce que le débat sur les biotechnologies ne concerne pas que les initiés. Faut-il réunir les deux comités ? Je ne le crois pas, pour l'instant du moins, car on n'aboutirait qu'à un consensus mou. Ce qu'il faut, c'est mieux faire connaître au public les positions respectives des deux comités et, en leur sein, d'éventuelles minorités, les questions posées et les réponses apportées. Le rôle du président est de clarifier les choses.
En revanche, je trouve gênant qu'au sein du comité économique, éthique et social, des experts - un sociologue, un économiste, un juriste, mais pas d'agronome - siègent aux côtés de représentants des parties. J'ai mesuré le problème en discutant avec Christine Noiville, et j'en ai beaucoup parlé avec les députés. Changer les règles nous ferait perdre du temps. Mais je souhaite créer un groupe de travail chargé de comparer les différents types d'agriculture et leurs effets sociaux et économiques : les sciences humaines peuvent nous fournir une expertise qui nous délivre des arguments d'autorité.
M. Martial Bourquin m'a posé deux questions très difficiles. Les nouvelles technologies, dans la mesure où elles impliquent l'usage de biotechnologies, entrent dans le champ de compétence du Haut conseil, qui doit en évaluer les bénéfices et les risques, à court et à long terme. L'affaire du Mediator soulève le problème général des technologies qui ont des effets secondaires indésirables tardifs, lesquels ne sont que l'accélération de processus dégénératifs dus à l'âge.
Sur le manque d'ingénieurs, vous avez raison : nos grandes écoles forment en général des managers, et les vrais ingénieurs, aptes à créer de la nouveauté et donc des entreprises, se font de plus en plus rares. L'AERES fait sur ce point le même constat que vous. C'est pourquoi il est essentiel de rapprocher les universités des écoles d'ingénieurs, car la recherche s'effectue surtout à l'université, si l'on met à part une poignée de très grandes écoles.