Intervention de Jean Michelin

Mission commune d'information sur le fonctionnement des dispositifs de formation professionnelle — Réunion du 28 février 2007 : 1ère réunion
Audition de Mm. Jean Michelin directeur de la formation et benoît vanstavel responsable des relations avec le parlement de la fédération française du bâtiment

Jean Michelin :

a indiqué que 160 000 jeunes préparaient aujourd'hui un diplôme du bâtiment en formation initiale. On dénombre parmi eux 80 000 apprentis et 80 000 jeunes en lycée professionnel, en lycée technique ou en école d'ingénieur. Les relations sont généralement bonnes entre la profession et les établissements, mais la possibilité de mieux professionnaliser certaines formations pourrait les améliorer encore : les chefs d'entreprise reprochent souvent aux formations initiales un manque d'efficacité résultant de choix pédagogiques trop axés sur la délivrance d'une formation générale à l'ensemble des jeunes, alors qu'une partie d'entre eux a besoin de passer par un apprentissage concret avant d'aborder les connaissances plus abstraites. Il faudrait en conséquence que la dernière année de lycée professionnel ou de lycée technique ait lieu systématiquement sous contrat d'apprentissage. Cela permettrait de mettre les jeunes dans des situations de travail authentiques et de rapprocher encore les entreprises des organismes de formation. La généralisation d'expériences telles que le retour périodique des enseignants dans l'entreprise pendant une année complète serait aussi très utile.

Par ailleurs, les entreprises se plaignent du contenu de la formation continue dans les cas où celle-ci est trop normée. Il n'est pas indispensable, par exemple, que le certificat d'aptitude à la conduite en sécurité (CACES) soit délivré uniformément à l'issue d'une formation de trois jours. Cependant, des progrès sont en cours : l'Association nationale pour la formation professionnelle des adultes (AFPA), grand prestataire de formations pour le bâtiment, a accepté d'adapter ses modules de 1 600 heures en fonction des compétences déjà maîtrisées par les stagiaires. Il convient ainsi que le formateur accepte de « sortir de ses catalogues ». En ce qui concerne les formations courtes, les exigences croissantes de la réglementation ponctionnent assez largement l'investissement « formation » des entreprises. Peut-être serait-il alors utile de satisfaire à certaines de ces exigences dans le cadre de la formation initiale.

a ensuite évoqué le chantier immense des économies d'énergie : pour faire face à l'objectif d'économiser 52 milliards de kilowattheures, il va falloir former des milliers de personnes à de nouveaux comportements professionnels et au conseil à la clientèle.

Il a aussi apporté les précisions suivantes :

- les stratégies d'ouverture de sections ne posent pas de problème, dans la mesure où la décentralisation de la profession, l'existence d'outils d'expertise tels que les observatoires régionaux emploi-formation, le dialogue au sein des commissions paritaires régionales emploi-formation, les contacts avec les recteurs et les conseils régionaux, des mécanismes comme les contrats d'objectifs et de moyens pour l'apprentissage et les plans régionaux de développement des formation (PRDF) pour la formation continue, permettent de déterminer dans des conditions satisfaisantes les sections d'apprentissage ou de lycée dont l'ouverture est nécessaire ;

- il va falloir réinventer la promotion sociale, un peu oubliée depuis la loi de 1971, sous réserve de l'action du Conservatoire national des arts et métiers (Cnam). Elle doit avoir lieu pendant le temps de travail et en dehors ;

- le DIF est transférable à l'intérieur du secteur du bâtiment ;

- l'échelon de coordination le plus pertinent est la région, mais à plusieurs conditions. Il faut en particulier clarifier les compétences, comme le montre l'exemple de l'apprentissage junior, institué par le Parlement, mais repoussé par les régions. On risque de retrouver ce problème dans d'autres domaines. Par ailleurs, la cohésion des professions est indispensable en matière de qualifications qui doivent rester déterminées par les conventions collectives au niveau national.

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