Intervention de Michel de Virville

Mission commune d'information sur le fonctionnement des dispositifs de formation professionnelle — Réunion du 28 février 2007 : 1ère réunion
Audition de M. Michel de Virville secrétaire général et directeur des ressources humaines du groupe renault

Michel de Virville, secrétaire général et directeur des ressources humaines du groupe Renault :

En réponse à ces intervenants, M. Michel de Virville a apporté les précisions suivantes :

- il revient aux branches de mettre en place des structures en vue d'identifier les besoins en compétences ; certaines, comme le bâtiment, l'ont déjà fait, ce qui permet de bien préparer la mise en oeuvre du DIF ;

- la transférabilité du DIF devrait être la règle ; il n'y a pas de raison que cela constitue un frein à l'embauche ;

- la méthode mise en place par Renault pour analyser les besoins en compétences repose sur l'expertise des professionnels de l'entreprise et bénéficie donc d'un fort ancrage dans la réalité du métier ; il faudrait développer de telles approches au niveau de chaque branche pour pouvoir disposer d'une vision nationale globale, comme le permet le système des « cartes de qualification » en Grande-Bretagne ;

- les fonds mutualisés servent plus à financer l'offre de formation existante qu'à répondre aux besoins des entreprises ; en effet, les gérants de la mutualisation ne sont pas totalement à l'écart de l'appareil de formation ; la mise en place d'un système de ticket modérateur permettant d'accéder à la formation favoriserait l'inversion de cette tendance, en faisant en sorte que la demande du terrain stimule l'offre de formation ;

- l'évaluation de la qualité des formations constitue un problème central ; chez Renault, elle repose sur l'avis des salariés ayant bénéficié d'une formation ; toutefois, les usagers ne sont pas nécessairement des évaluateurs performants de l'efficacité de la formation suivie ;

- le financement des organisations syndicales n'a pas de lien direct avec le sujet de la formation professionnelle en tant que telle ;

- les formations mises en place chez Renault sont assurées par des personnels du groupe ou des intervenant extérieurs ; Renault travaille en lien avec des centres de formation d'apprentis (CFA), notamment dans le secteur de la réparation automobile, où il existe d'énormes besoins ; par ailleurs, toutes les formations professionnelles initiales devraient comporter un degré d'alternance ;

- le groupe a mis en place, depuis douze ans, un programme spécifique destiné aux jeunes sans qualification, en situation de rupture scolaire ; 600 à 700 jeunes effectuent en permanence un parcours de formation au sein des usines et chez des fournisseurs, débouchant sur un diplôme ; le taux de réussite est d'environ 70 % et le taux de placement de ces jeunes en entreprise est ensuite très satisfaisant ;

- Renault investit 200 millions d'euros par an dans la formation professionnelle, ce qui représente un volume important ; toutefois, ces sommes ne transitent pas par les bénéficiaires des formations ; si l'on donnait à ces derniers une sorte de « chèque formation », ils se montreraient sans doute plus exigeants sur la qualité des prestations fournies ; par ailleurs, les petites et moyennes entreprises doivent également être plus critiques à l'égard de leur appareil de formation ;

- pour certains salariés, notamment ceux ayant connu l'échec scolaire, la formation peut apparaître comme une contrainte ; il faut leur montrer qu'en la matière la compétitivité de l'entreprise, son avenir et donc également le leur, sont en jeu ; en 2006, 87,4 % des ouvriers de Renault ont eu accès à la formation ; le dispositif du DIF permet de repérer ceux qui n'y ont pas accès trois années de suite ;

- la formation à l'état gazeux, qui renvoie aux enjeux de la validation des acquis de l'expérience, est celle que l'on acquiert au fil de l'eau, dans l'exercice d'une activité ; il manque souvent aux personnes, qui ne sont passées que par ce canal, la structuration pédagogique nécessaire pour capitaliser les acquis et prendre du recul par rapport à cette expérience ; la formation à l'état solide est celle qui se construit au cours de la formation initiale ; elle est surreprésentée en France, au contraire de la formation à l'état liquide, qui permet d'acquérir un savoir immédiatement transférable dans la pratique professionnelle, selon le mode de l'alternance notamment ; ces trois états doivent être bien maîtrisés pour que le DIF fonctionne ; la formation professionnelle étant au contact du concret, elle est forcément diverse et peut donc difficilement s'inscrire dans des cadres rigides.

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