a indiqué en préambule qu'elle centrerait son intervention sur la politique de rayonnement du français dans le monde pour montrer l'étroitesse de ses liens avec le combat que la France mène en faveur de la diversité culturelle, et avec l'adaptation et le développement du dispositif d'influence et de coopération culturelle.
Elle a d'abord insisté sur la chance que constitue la convention sur la diversité culturelle pour le plurilinguisme et pour le français, estimant que la langue n'était pas seulement un simple outil de communication, mais aussi une façon de voir et de penser le monde, un vecteur de culture et de civilisation. Elle s'est réjouie de ce que la « demande de français » reste forte dans de nombreux pays, motivée par une véritable volonté de diversification culturelle et linguistique, ainsi que par un souci d'intégration régionale (comme, par exemple, au Ghana ou au Mozambique, qui viennent de rejoindre l'Organisation internationale de la francophonie).
Décrivant le poids du français dans le monde, elle a rappelé que celui-ci était fort de 175 millions de francophones, de 75 millions d'« apprenants de français », et de 825.500 professeurs de français lui permettant d'être, avec l'anglais, l'une des deux seules langues parlées sur tous les continents et l'une des grandes langues internationales : langue officielle et de travail de l'ONU, langue officielle de l'Union africaine, langue de travail de l'Union européenne, Union européenne où, il est vrai, son rôle a reculé depuis les deux derniers élargissements de 1995 et de 2004.
Elle a insisté sur le levier que constituait, pour inverser cette tendance, l'appartenance de 14 des 27 membres de l'Union à l'Organisation internationale de la francophonie.
Face au risque de dégradation de sa position dans les enceintes internationales, la défense du français est donc un combat quotidien auquel l'Organisation internationale de la francophonie contribue à travers la rédaction d'un vade-mecum en faveur de l'utilisation du français dans les organisations internationales, adopté par les ministres à l'occasion du XIe Sommet des chefs d'Etat et de Gouvernement francophones de Bucarest.
La ministre a ensuite insisté sur la nécessité pour la politique du français de hiérarchiser ses priorités, compte tenu de l'environnement de plus en plus concurrentiel face à l'anglais et à l'espagnol et, maintenant, face au chinois et à l'arabe, en privilégiant deux régions stratégiques pour l'avenir de notre langue : l'Europe et l'Afrique.
Rappelant que c'était en Europe que se jouait l'avenir du français comme langue des relations internationales, elle a indiqué que le Gouvernement s'était attaché à préserver sa place dans le nouveau statut de la fonction publique communautaire en faisant acter l'obligation de maîtriser une troisième langue, en renforçant le plan de formation pluriannuelle au français à destination des fonctionnaires européens mis en oeuvre grâce au réseau de centres et d'instituts culturels et d'Alliances françaises en Europe (ceux-ci ont d'ailleurs été profondément modernisés pour être recentrés sur des publics ciblés auxquels ils proposent des services spécialisés) et en promouvant la généralisation de deux langues vivantes obligatoires dans les systèmes éducatifs.
Insistant sur la place de l'Afrique avec ses 1,2 milliard d'habitants à l'horizon 2020, elle a indiqué que le français devait y devenir réellement la langue du développement, de la solidarité et de l'intégration régionale en consolidant sa place dans les systèmes éducatifs locaux et dans les institutions et organisations régionales africaines comme l'Union africaine et la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).
Elle a rappelé que la France consacrait, au total, près de 200 millions d'euros à la promotion de la francophonie et du français, voire plus de 800 millions d'euros si l'on y ajoutait les crédits destinés à l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger (AEFE) et au réseau culturel, dont 60 millions au titre de notre coopération bilatérale, pour l'année 2007.
Elle a précisé que les contributions de la France aux organisations de la francophonie multilatérale resteraient stables, et représenteraient, pour 2007, 68 millions d'euros, dont 33,5 millions d'euros pour l'Organisation internationale de la francophonie (OIF) et 33 millions d'euros pour l'Agence universitaire de la francophonie (AUF).
a ensuite présenté le rôle des centres et instituts culturels dans le monde, et notamment en Afrique subsaharienne, au Maghreb, et plus largement dans la zone de solidarité prioritaire : lieux de formation et de diffusion des artistes locaux et régionaux, espaces de découverte de la culture française contemporaine pour le public local, et souvent principal équipement culturel des villes où ils sont implantés.
Elle a annoncé que, pour ces raisons, les crédits de ces établissements avaient été globalement maintenus, sous réserve de redéploiements motivés par des évolutions stratégiques et politiques, comme l'ouverture d'une nouvelle alliance française en Chine ou la réouverture en 2007 du centre culturel français de Tizi-Ouzou, succédant à celle de Tlemcen en 2006.
La ministre a ensuite présenté le réseau des établissements d'enseignement à l'étranger, qui constitue le premier réseau scolaire mondial à l'étranger, par le nombre des établissements et l'étendue de son implantation, avec près de 440 écoles et lycées dans 130 pays, dont 256 relevant de l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger (AEFE) et plusieurs dizaines d'établissements de la mission laïque française, liée depuis novembre 2005 au ministère des affaires étrangères par un mémorandum d'entente, l'ensemble scolarisant, au total, 240.000 élèves.
Elle a indiqué que le réseau bénéficierait de la subvention de 324,6 millions d'euros versée à l'AEFE, de l'affectation de 6.450 emplois et d'un plan de rénovation ou de construction de nouveaux établissements notamment à Dakar, Munich, Ho Hi Minh Ville, Hanoï ou Londres.
Evoquant, ensuite, les grands opérateurs audiovisuels internationaux, TV5 et RFI, elle a noté que le lancement prochain de France 24 mettrait un terme à la relative stagnation qui marquait, jusqu'en 2006, l'effort budgétaire de la France en faveur de son audiovisuel extérieur, et qu'avec l'addition du « programme 116 », support de France 24, du « programme 115 » qui finance TV5, RFI et CFI, et de la contribution de la redevance à RFI (et marginalement à TV5), le total des ressources publiques consacrées à l'audiovisuel extérieur dépasserait 305 millions d'euros, progressant de 17 % entre 2006 et 2007, marquant la volonté du Gouvernement de rapprocher l'audiovisuel extérieur français du niveau de financement des autres grands médias internationaux.
Elle a remarqué que, pour la première fois en 2007, la France consacrerait plus de crédits publics à la télévision qu'à la radio extérieure, car la télévision est partout devenue le média dominant, ce qui justifie que la France dispose à la fois, avec TV5 Monde, d'une télévision généraliste en langue française, et avec France 24, d'une chaîne d'information multilingue mobilisée en permanence sur l'actualité du monde ; ces deux chaînes seront complémentaires et devront s'épauler mutuellement à travers une coordination étroite, en termes de distribution, de promotion, mais aussi de programmes, même si pendant plusieurs années encore, TV5 restera la seule présence télévisée française en Asie et, pour l'essentiel, en Amérique.
Elle a ensuite présenté RFI comme un chantier ambitieux que le Gouvernement est décidé à soutenir à travers la signature d'un contrat d'objectifs et de moyens.
Elle a conclu son propos en indiquant que son ministère avait amorcé une réflexion pour conférer à la politique du français une mission transversale qui irrigue l'ensemble de nos politiques d'influence et de coopération.
Un débat a suivi l'exposé de la ministre.