En réponse, M. Philippe Esper a déclaré qu'il ne portait pas de jugement réservé sur le rapprochement de la France avec l'Otan. Selon lui, une augmentation de l'effort de défense des pays européens serait peut-être de nature à encourager les Américains, qui, après tout, portent seuls l'essentiel du fardeau financier, et à favoriser l'émergence d'un pilier européen. Il convient, en tout état de cause, d'attendre la nouvelle administration américaine qui aurait à confirmer ou à infirmer cette orientation. Le partager peut aussi présenter des avantages. Il estime, avec le Conseil économique de la défense, utile et possible de parler avec la nouvelle administration américaine en ce sens. Il a en outre indiqué que les enquêtes d'opinion (depuis 7 ans dans 5 pays européens : Allemagne, Espagne, France, Italie, et le Royaume-Uni) semblaient montrer que, s'agissant de la défense, les peuples européens étaient « en avance » sur les gouvernements (y compris au Royaume-Uni) et qu'ils aspiraient à une telle construction. S'agissant de la position des autorités britanniques, M. Philippe Esper a indiqué que, selon ses informations, celles-ci n'étaient pas prêtes à lever leur veto à la constitution d'un état-major européen opérationnel. Néanmoins, la Grande-Bretagne se rend compte que les dividendes de ses investissements, en tant qu'allié spécial et indéfectible des Etats-Unis d'Amérique, ne sont pas à la hauteur de ses espérances. La participation anglaise au Joint Strike Fighter, en particulier, ne s'est pas située en tant que partenaire mais en tant que sous-traitant. M. Philippe Esper a ajouté que, même si les Anglais n'étaient pas prêts à nous suivre à court terme et sans une invite (putative) américaine, cela ne devait pas nous empêcher de prendre des initiatives. Concernant les industries de la défense autres que française et anglaise, il a indiqué qu'il fallait bien envisager un réfléchi et réel aménagement du territoire au niveau européen et distribuer les capacités européennes de production équitablement entre les pays de la communauté (avec les mêmes contraintes de bonne gestion et d'équilibre géographique qu'à l'intérieur de chaque pays européen).