a présenté le rapport d'information de la mission effectuée en Finlande, du 7 au 9 septembre 2009, afin d'y étudier le système éducatif, notamment au niveau du lycée de l'enseignement primaire et du collège, et de l'université, en cours de réforme.
a justifié le choix de la Finlande en raison de sa place de meilleur élève parmi les Etats de l'organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) d'après les enquêtes Programme for International Student Assessment (PISA) conduites par cette dernière. L'exemple finlandais est en effet séduisant, puisque ce pays semble avoir trouvé réponse à des questions aussi difficiles que la recherche de l'équité et de l'efficience du système, la conciliation de cette équité avec une forte autonomie des acteurs, ou encore la forte réduction de l'échec scolaire.
Dans un premier temps, Mme Colette Mélot, rapporteur, a rappelé les principales caractéristiques du système éducatif finlandais dont les spécificités sont nombreuses.
En premier lieu, le système éducatif est très décentralisé, avec :
- un Gouvernement qui pilote le système, à l'aide d'une agence placée sous sa tutelle. Ils fixent le cadre national (objectifs, cadre des programmes et des méthodes d'enseignement). Les lois sont très concises et ne précisent pas les moyens d'atteindre les objectifs ;
- les communes jouent un rôle prépondérant en tant que fournisseurs d'éducation et sont responsables de l'administration locale du système. C'est ainsi, par exemple, que chaque municipalité a l'obligation d'organiser l'enseignement dit de base (qui correspond au primaire et au collège), mais elle est libre d'en définir les modalités. De même, chaque école peut choisir son matériel pédagogique ou la répartition des matières dans le cadre fixé par la loi.
Le financement de la formation est partagé :
- pour ce qui concerne le fonctionnement, l'Etat finance en moyenne 57 % et les communes en moyenne 43 % des coûts de l'enseignement primaire et secondaire. Cette moyenne recouvre une diversité de situations, l'Etat pouvant assumer de 40 à 45 % des coûts et jusqu'à 70 % pour les communes géographiquement les plus isolées ;
- l'investissement fait l'objet de subventions spécifiques, mais réduites, de l'Etat.
Le rapporteur a précisé que le coût total par élève est de 6 650 euros dans le primaire et au collège, 6 000 euros au lycée et 9 700 euros en école professionnelle. A titre de comparaison, en 2008, la dépense intérieure d'éducation en France s'élevait, à 5 620 euros par élève dans le primaire et, en 2007, à 7 930 euros par élève au collège, à 10 240 euros par élève au lycée (général et professionnel confondus) et 10 740 euros par élève au lycée professionnel.
6,1 % du PIB finlandais sont ainsi consacrés à l'éducation, contre 6,6 % du PIB français.
En deuxième lieu, l'autonomie des établissements et des enseignants est très forte.
Elle s'exerce à la fois dans le domaine pédagogique et dans le recrutement des enseignants. Ces derniers sont recrutés sous contrat (en général à durée indéterminée) par voie d'élection par le conseil d'école ou le conseil de direction du lycée, et par leur directeur. Le conseil de direction comprend des représentants des personnels, des élèves (âgés de plus de dix-huit ans) et des parents d'élèves.
a fait remarquer que la délégation avait été frappée de constater l'attractivité du métier d'enseignant en Finlande - à salaire égal avec la France - et le caractère, semble-t-il, très approprié de leur formation, le volet pédagogique étant primordial.
Les futurs enseignants doivent obtenir des diplômes dans les deux disciplines qu'ils seront conduits à enseigner, selon le système de bivalence qui est appliqué.
En troisième lieu, l'élève est au centre d'un dispositif organisé pour sa réussite et son épanouissement.
Le système éducatif est fondé sur le principe selon lequel ce n'est pas l'enfant qui doit s'adapter à l'école mais l'école qui doit s'adapter à l'enfant. De ce principe découlent l'organisation du système éducatif et les méthodes pédagogiques employées au sein des établissements. En outre, l'orientation pédagogique et éducative est au coeur du projet et les enseignants y participent activement.
En quatrième lieu, le système se veut égalitaire et équitable : l'éducation est gratuite (à l'exception des manuels scolaires au lycée), les difficultés d'apprentissage sont traitées dès qu'elles sont repérées et le système de soutien est important, sous la responsabilité de l'enseignant. Aucun élève n'est laissé au bord du chemin.
Le rapporteur a constaté que cette politique semble être efficace, les enquêtes PISA montrant que la Finlande est le pays où l'équité en matière éducative est la plus forte : différence réduite de niveau entre les élèves de quinze ans, faible disparité de résultats entre établissements, impact limité de l'origine socio-économique des parents sur la réussite scolaire des enfants.
Puis, Mme Colette Mélot, rapporteur, a relevé aussi que le système encourage la formation tout au long de la vie.
Enfin, il règne une forte culture de l'évaluation et de l'autoévaluation.
Au cours de la période précédant le lycée, il s'agit d'évaluer l'élève par rapport à ses propres progrès et de le soutenir en lui donnant différentes possibilités d'apprendre, chaque enfant étant différent. Ses professeurs attendent que sa motivation se renforce. Cette approche permet notamment de réduire les échecs scolaires liés au découragement des élèves. Les redoublements et les abandons sont très rares.
Cependant, certains des professeurs rencontrés n'ont pas caché les limites de cette démarche en cas de motivation ou de maturité limitée, d'autant que la discipline est réduite et les relations entre enseignants et élèves très détendues.
Dans un deuxième temps, Mme Colette Mélot, rapporteur, a précisé comment ces spécificités se traduisent dans l'organisation concrète du système.
Après une période d'apprentissage passant par le jeu jusqu'à l'âge de sept ans, l'élève doit suivre un enseignement obligatoire pendant neuf années, donc jusqu'à seize ans.
Les élèves ont cinq jours de cours par semaine, avec des cours de 45 minutes, pendant une durée hebdomadaire qui croît progressivement : de 19 heures de sept à neuf ans à 30-35 heures au lycée (selon le nombre d'options). Ils quittent l'école assez tôt et ont peu de travail à effectuer à la maison, au moins avant le lycée. Les activités extrascolaires sont encouragées ; néanmoins, certains interlocuteurs ont confié à la délégation que nombre d'enfants étaient livrés à eux-mêmes l'après midi, ce qui suscite aujourd'hui des réflexions sur cette organisation.
Les élèves ayant achevé le cursus de l'enseignement fondamental sont admis au lycée pour plus de la moitié d'entre eux ou dans un établissement de formation professionnelle pour environ 40 %. Environ 4 % entrent en classe de soutien (pour une dixième année d'études) et 4 % interrompent leurs études provisoirement.
En réalité, c'est à l'entrée au lycée que la sélection académique commence véritablement, l'affectation de l'élève dépendant de la moyenne des notes obtenues à l'école fondamentale.
La note minimum à atteindre pour suivre des études dans un lycée est fixée par la direction générale de l'enseignement, le comité de direction de chaque lycée fixant la note le concernant.
Au lycée, le programme est conçu pour durer trois ans, mais les lycéens peuvent le suivre en deux ou en quatre ans. L'enseignement ne se fait pas par classe d'âge mais par module de matière. Des élèves de quinze à dix-neuf ans peuvent donc suivre un même cours et tous les élèves n'avancent pas au même rythme. Au cours de leurs études au lycée, qui durent généralement 3 ans, les élèves doivent valider 75 modules, dont 50 sont obligatoires (fixés au niveau national) et 25 facultatifs (choisis par l'établissement).
Chaque module représente 38 heures d'enseignement et l'organisation de ses cours est choisie par chaque lycéen par période de six à sept semaines, la dernière semaine de chaque période étant consacrée aux tests.
Il y a donc autant d'emplois du temps que d'élèves. C'est après avoir établi l'emploi du temps des élèves, en fonction de leurs souhaits, que l'établissement établit celui des professeurs.
Ce système modulaire au lycée et, plus généralement, l'organisation du système éducatif, sont responsabilisants et motivants. Le rapporteur a cependant exposé les critiques évoquées par certains interlocuteurs :
- le sens de l'effort est trop peu encouragé ;
- l'orientation est parfois trop précoce pour les élèves moins mûrs ;
- les apprentissages étant progressifs, les choix des lycéens peuvent ne pas respecter le rythme d'apprentissage nécessaire et surtout sa régularité. Ce problème se pose avec une particulière acuité pour ce qui concerne l'apprentissage des langues étrangères, ce qui nuit d'ailleurs à celui de la langue française, supplantée par l'anglais. L'apprentissage des langues demande en effet une régularité dans l'effort et celui de l'anglais est facilité par le sous-titrage systématique de tous les programmes télévisés anglo-saxons ;
- certains programmes d'enseignement sont modestes, en histoire par exemple ;
- enfin, même si, pour des raisons culturelles, les jeunes scandinaves sont autonomes plus précocement que les jeunes d'Europe du sud, certains élèves n'arrivent pas à assumer cette souplesse éducative, qui est assortie d'une forte responsabilisation.
Pourtant, le taux de réussite au baccalauréat (général et non professionnel) est de plus de 90 %. Toutes les épreuves sont affectées du même coefficient. Toutefois, le choix d'épreuves plus exigeantes donne davantage de chances aux lycéens d'entrer à l'université.
En effet, l'entrée tant à l'université que dans les écoles supérieures professionnelles est très sélective.
C'est pourquoi, seuls 26 à 30 % des bacheliers entrent à l'université à l'issue des concours d'entrée.
Une réforme universitaire est en cours, l'objectif étant - comme pour la loi française sur la liberté et les responsabilités de l'université (LRU) de 2007 - de favoriser l'insertion des universités finlandaises dans la compétition internationale.
a brièvement indiqué que les mesures concernent notamment les aspects budgétaires, la gouvernance des universités (40 % de personnalités extérieures au conseil d'administration, ainsi qu'éventuellement le président) et le statut des enseignants-chercheurs (qui passent du statut de fonctionnaires d'Etat à celui de contractuels de l'université et doivent assurer 1 600 heures de travail).
Evoquant enfin la question de savoir si la Finlande, bon élève des systèmes éducatifs occidentaux, peut être un modèle pour la France, Mme Colette Mélot, rapporteur, a estimé que tout modèle présente ses propres limites et zones d'ombre. En outre, aucun n'est facilement transposable, cela d'autant plus que la Finlande présente un certain nombre de spécificités liées notamment à sa propre culture et à sa situation géographique et démographique.
Pour autant, elle a jugé que l'observation des réussites étrangères pouvait toujours être utilement une source de réflexion, voire d'inspiration, pour les pays partenaires.
C'est pourquoi elle s'est réjouie que la mission d'information incite à une réflexion, l'exemple finlandais pouvant être un support utile pour des réflexions fructueuses en France, par exemple - mais non exclusivement - sur les sujets suivants :
- le rythme scolaire,
- la formation des enseignants,
- le degré d'autonomie du chef d'établissement,
- le travail en équipe des enseignants,
- ou le caractère plus ou moins modulaire du lycée.