Intervention de Josette Durrieu

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 14 juin 2006 : 1ère réunion
Asie centrale — Assemblée parlementaire de l'union de l'europe occidentale - communication

Photo de Josette DurrieuJosette Durrieu :

Puis Mme Josette Durrieu a rendu compte d'un récent déplacement effectué en Asie centrale, dans le cadre de l'Assemblée parlementaire de l'Union de l'Europe occidentale (UEO). Elle a exposé qu'il s'agissait là de la première étape d'une mission visant à apprécier la stabilité régnant dans cette vaste zone. Mme Josette Durrieu s'était rendue successivement au Kazakhstan, en Ouzbékistan et au Kirghizstan, rappelant que ces trois pays étaient issus de dictatures établies postérieurement à l'éclatement de l'URSS.

Au Kazakhstan, elle a rappelé que le président Noursoultan Nazerbaïev, arrivé au pouvoir en 1990, avait été reconduit à la présidence lors des élections de 2005. L'instabilité risquait de s'instaurer à son départ, ce pays étant régi par une organisation clanique, dont les rivalités internes, déjà vives, ne manqueront pas d'être attisées lors de cette succession.

Evoquant ensuite l'Ouzbékistan, elle a indiqué que le président Islam Karimov, également au pouvoir depuis 1990 et réélu en 2004, était le seul chef d'Etat de la région à avoir soutenu l'intervention américaine en Irak. La vie politique récente du pays a été marquée par la féroce répression d'une émeute survenue dans la ville d'Andijan, en mai 2005, dont le bilan officiel de 170 morts est évalué en fait à un millier selon des diplomates occidentaux. Cette répression a d'ailleurs conduit l'Union européenne à adopter des sanctions envers l'Ouzbékistan.

Le Kirghizistan, pour sa part, ne possède d'autres richesses naturelles que ses richesses en eau et quelques réserves d'or. En effet, l'intégralité du gaz qu'il produit est captée par la Russie, qui le revend à bon prix aux pays européens. C'est dans ce pays que se trouve la base aérienne de Manas, utilisée par l'aviation française lors de l'intervention en Afghanistan. La vigueur de l'opposition politique a conduit au renversement, en 2005, du président Askar Akaïev et à l'organisation d'un référendum, visant à instaurer de nouvelles institutions, inspirées du modèle français, qui doit prochainement y être organisé.

a souligné que ces trois pays étaient marqués par une forte corruption, liée des nombreux trafics qui traversent cette région. Elle a souligné que l'Asie centrale constituait moins un ensemble politique qu'une donnée géographique. En effet, les cinq Etats qui composent cette zone, tous issus de l'ex-URSS, traversent une phase de nationalisme qui exacerbe leur concurrence mutuelle. Cependant, ils ont en commun deux pôles d'attraction : d'une part la Russie, qui reste l'alliée et l'amie, et, d'autre part, la Chine qui est devenue un partenaire commercial important. La création de l'Organisation de Coopération de Shanghai a permis l'instauration de liens suffisamment solides entre ses membres pour inquiéter les Etats-Unis. Ceux-ci ont d'ailleurs élaboré un projet de « grande Asie centrale » visant à créer une union régionale alternative et qui intègrerait jusqu'à l'Iran et l'Afghanistan.

a déploré que l'Union européenne soit absente en tant que telle de cette région, alors que chacun de ses Etats membres y est actif. Ainsi, la somme des investissements des Etats européens est-elle supérieure aux investissements américains. Elle a souligné que le trait commun de ces pays résidait dans la religion sunnite, dont la pratique est modérée par les traditions laïques héritées de l'ancienne URSS. Elle a estimé qu'un éventuel risque islamiste ne viendrait pas tant de groupes extérieurs à ces pays que de la cristallisation des oppositions internes autour de thèmes religieux.

Puis elle a dressé un tableau alarmant du trafic de drogue issu d'Afghanistan, rappelant qu'on estime à 105 000 hectares la surface actuelle de culture de pavot dans ce pays, qui y est devenue une véritable monoculture. Près de 400 laboratoires produisent annuellement plus de 4 000 tonnes d'opium et 150 tonnes d'héroïne, alors qu'en 2005 seule 1,2 tonne de drogue avait été saisie par la police afghane. De véritables réseaux se sont organisés au départ de l'Afghanistan vers la Turquie, les Balkans, puis vers l'Europe, à travers le Kirghizstan, le Tadjikistan et l'Ouzbékistan. Ces trafics sont connus des gouvernements de ces pays qui en tirent d'appréciables ressources financières. Les fonctionnaires locaux chargés des contrôles reçoivent un salaire plus que modeste, qui les rend facilement corruptibles.

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