Intervention de Daniel Verwaerde

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 14 juin 2006 : 1ère réunion
Défense — Dissuasion nucléaire française - table ronde sur la dissuasion nucléaire

Daniel Verwaerde, directeur des armes nucléaires à la direction des applications militaires du Commissariat à l'énergie atomique :

a rappelé que la crédibilité de la dissuasion nucléaire française reposait sur la grande cohérence des décisions prises en 1995, à savoir la réalisation d'une ultime campagne d'essais nucléaires destinée à valider expérimentalement le concept de charges nucléaires robustes, la signature du traité d'interdiction complète des essais nucléaires assorti de l'option zéro et le démantèlement du Centre d'expérimentation du Pacifique, le développement de la simulation, le maintien du concept de suffisance, avec le passage à deux composantes, l'arrêt de la production de matières fissiles pour les armes nucléaires et, enfin, le démantèlement des usines de Pierrelatte et de Marcoule.

Compte tenu des engagements pris dans le cadre du traité d'interdiction complète des essais nucléaires d'une part et du vieillissement inéluctable des armes actuellement en service, d'autre part, la pérennité de la dissuasion française repose désormais sur le patrimoine que représentent les 210 essais nucléaires passés, et notamment sur les acquis irremplaçables de la dernière campagne d'essais pour le concept de charge nucléaire robuste, sur le savoir-faire de la direction des applications militaires du CEA et des industriels et, enfin, sur la réalisation au rythme prévu du programme « Simulation ».

Ayant rappelé que les armes actuellement en service avaient un caractère très « optimisé », M. Daniel Verwaerde a précisé que la stratégie retenue pour leur renouvellement reposait sur le concept de charge robuste, testé lors de la dernière campagne d'essais, sur la validation, grâce à la simulation, des différences que présentent les armes nouvelles par rapport à la charge testée et sur la certification obligatoire des nouvelles équipes de concepteurs capables de garantir cette validation.

Il a présenté les trois volets du programme « Simulation » :

- la simulation numérique, reproduisant par le calcul les différentes étapes du fonctionnement d'une arme nucléaire, grâce à une puissance de calcul qui sera, à l'horizon 2010, 10 000 fois supérieure à celle installée en 1996 ;

- la physique des armes, destinée à améliorer les modèles de physique mis en oeuvre par la simulation numérique et à mesurer la capacité prédictive de cette simulation numérique, en réinterprétant les essais passés ;

- la validation expérimentale avec la machine de radiographie Airix et le laser mégajoule, en permettant de qualifier la capacité des concepteurs d'armes à maîtriser la modélisation du fonctionnement des armes.

a précisé que le programme « Simulation » était strictement dimensionné pour garantir la sûreté et la fiabilité des armes robustes qui remplaceront les armes actuellement en service. Son calendrier est conditionné par les échéances de départ en retraite des concepteurs actuels qui ont connu les essais et qui devront avoir, auparavant, certifié les nouvelles équipes. Dix ans après son lancement, tous les jalons techniques de ce programme ont été franchis dans le respect des délais et des coûts.

a estimé que la cohérence de la stratégie française était reconnue par des Etats dotés d'armes nucléaires, les Etats-Unis ayant lancé, il y a près d'un an, des études pour la conception de charges robustes.

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