a demandé si le concept de charge robuste impliquait des armes plus lourdes et plus volumineuses et selon quelles modalités les conséquences de cette évolution avaient été prises en compte pour maintenir la capacité d'emport et la portée des missiles balistiques.
Le général Henri Bentegeat a précisé que les crédits d'équipement consacrés à la dissuasion s'élevaient en moyenne à 3 milliards d'euros par an, ce qui représente un niveau suffisant pour mener à bien le renouvellement complet en dix ans de nos SNLE, la mise en service en 2008 du missile air-sol moyenne portée amélioré (ASMP/A) et celle, en 2010, du missile balistique M 51. Ce niveau ne doit pas être considéré comme excessif, vu les besoins des forces conventionnelles et le volume global des moyens financiers dévolus à la défense. Toutefois, si l'effort de défense venait à fléchir en deçà de son niveau actuel, la question du maintien du niveau de suffisance de nos forces nucléaires serait inévitablement posée. Ce serait cependant prendre un risque important pour l'avenir que de réduire aujourd'hui l'effort consacré aux forces nucléaires.
Le général Henri Bentegeat a indiqué que l'effet d'impulsion électromagnétique d'une arme nucléaire résulterait de l'explosion d'une arme nucléaire à une très haute altitude, de l'ordre de plusieurs dizaines de kilomètres, et se traduirait, dans un rayon déterminé, par la destruction de tous les composants électroniques et informatiques, sans que l'on constate au sol le moindre effet thermique ou de souffle. La menace d'utiliser cet effet pourrait s'inscrire dans une stratégie d'ultime avertissement et représenterait, parmi les différentes possibilités envisageables, le mode le moins dommageable pour l'adversaire. Le concept d'ultime avertissement, fort ancien, demeure essentiel, car il évite d'enfermer le Président de la République dans une alternative de tout ou rien. Vis-à-vis des puissances régionales, ce concept permet de restaurer la dissuasion en offrant la possibilité de marquer clairement que le coeur de nos intérêts vitaux est concerné.
S'agissant de nos deux composantes, le général Henri Bentegeat a souligné qu'elles participaient l'une et l'autre, de manière complémentaire, aux mêmes missions. La composante aéroportée se prête bien, grâce à sa précision et à la possibilité de limiter les effets collatéraux lors d'une frappe sur des centres de pouvoir, à la dissuasion vis-à-vis des puissances régionales. Les missiles balistiques sont moins précis, mais peuvent cibler des centres économiques de puissances régionales, tout comme ils peuvent être envisagés pour une frappe d'ultime avertissement, puisque le nombre de leurs charges nucléaires est modulable. Ainsi, chacune des deux composantes a vocation à être engagée simultanément dans l'ensemble des scénarios.