Intervention de Roland Ries

Réunion du 30 novembre 2006 à 9h30
Moyens des politiques publiques et dispositions spéciales — Compte d'affectation spéciale : contrôle et sanction automatisés des infractions du code de la route

Photo de Roland RiesRoland Ries :

Nous verrons ce qui se passera !

Dans l'immédiat, je fais un constat : des problèmes se posent dans les transports publics, personne ne peut le nier, et la situation ne s'est pas améliorée !

Cette question de la sécurité dans les transports collectifs est, à mes yeux, fondamentale dans une logique qui vise à promouvoir les transports publics. En effet, pour concurrencer de manière efficace le recours à l'usage individuel de l'automobile, les transports collectifs doivent être très attractifs, puisque les éléments de confort et le caractère pratique de l'usage de la voiture sont des facteurs déterminants dans le choix modal de nos concitoyens.

Comment attirer vers les transports publics une clientèle qui a le choix de son mode déplacement, si cette clientèle se trouve mal à l'aise ou se sent menacée dans les transports collectifs ? Il est évident, à mes yeux, que l'amélioration de la sécurité dans les transports collectifs est une condition sine qua non du développement du choix modal en faveur des transports en commun.

Sur cet élément fondamental pour une politique ambitieuse en faveur des transports collectifs, les collectivités investissent aujourd'hui largement seules ; je pense, notamment, aux dispositifs de vidéosurveillance.

J'avais moi-même mis en place, non sans difficulté, un tel dispositif dans les bus et les tramways strasbourgeois, et j'avais pu constater des effets rapides sur l'attractivité du réseau auprès de la population. Cependant, l'essentiel de l'investissement était déjà supporté, à l'époque, par l'autorité organisatrice. Or, aujourd'hui, l'État s'est encore davantage retiré de ce domaine alors même qu'il est déterminant pour le choix modal.

Dans le même ordre d'idée, les acteurs locaux ont également à leur charge l'ensemble des dégradations subies par le matériel roulant et les abris. Il s'agit alors, au final, d'un transfert supplémentaire de charges lié à l'incapacité de l'État de garantir la sécurité dans nos réseaux de transports en commun.

Le projet de budget qui nous est présenté n'aborde aucune de ces questions, qui sont pourtant fondamentales pour inciter les pouvoirs locaux à s'orienter vers des logiques nouvelles de développement durable.

Je n'y trouve, pour ma part, aucune des voies nouvelles que d'autres pays européens explorent depuis longtemps, et souvent avec succès : intermodalité, covoiturage, autopartage, transport à la demande, promotion de l'utilisation du vélo, etc.

L'État pourrait et devrait avoir, pour tous ces modes de transport qui se substituent à l'usage privatif de l'automobile, un rôle moteur au travers d'incitations fiscales, d'aides ciblées pour tout ce qui est innovant, au détriment de ce qui est vieux et ne fonctionne plus.

Faire du neuf avec du vieux est souvent une gageure, mais faire du neuf, même sous forme expérimentale, pour remplacer le vieux, voilà le vrai défi ! Je n'ai pas vraiment le sentiment, monsieur le ministre, que vous alliez dans ce sens.

J'aurais encore beaucoup de choses à dire, madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, mais le temps m'est compté. J'aurais, notamment, voulu parler de l'AFITF - mon excellent collègue Daniel Reiner s'est exprimé sur ce point-, dont la situation est extrêmement préoccupante. En tout état de cause, monsieur le ministre, j'attends vos réponses au sujet de son financement futur.

Pour conclure, la France de 2007 n'est absolument plus celle d'il y a vingt ans ou même d'il y a dix ans. Il est urgent de prendre la mesure de ces changements afin de les intégrer concrètement dans nos perspectives budgétaires.

Tel n'est pas l'objectif que vous visez, monsieur le ministre, au travers du projet de budget que vous nous présentez aujourd'hui pour la mission « Transports ». C'est pourquoi nous ne le voterons pas.

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