Je me félicite de l'analyse pragmatique que vous avez faite, monsieur le ministre. Lorsqu'on voit que l'Allemagne nous dépasse même dans le domaine agroalimentaire, il y a de quoi s'inquiéter. Et je ne parle même pas de l'industrie... Certes, le verre est encore à moitié plein, mais il ne faudrait pas qu'il se vide encore...
Pour sauver, conserver et créer des emplois, que peut-on faire ?
Sur la question de la réciprocité, nous avons été bien naïfs. Nous n'avons pas utilisé les outils juridiques internationaux dont nous disposions. J'ai néanmoins obtenu l'année dernière qu'une fédération industrielle allemande signe avec son homologue française un document dans lequel elle réclamait le respect des clauses de réciprocité. Lorsque j'ai rencontré l'ambassadeur de France à Tokyo, il m'a dit que les Japonais ne voulaient pas acheter du matériel ferroviaire français parce les normes sismiques n'étaient pas les mêmes dans nos deux pays. Mais alors, pourquoi arrivons-nous à en vendre au Chili ? En Espagne, nous n'arrivons pas non plus à vendre du matériel ferroviaire car les Espagnols ont obtenu des financements européens et pas nous. Il va donc aussi falloir nous préoccuper de réciprocité en Europe.
Vous avez dit, monsieur le ministre, qu'il fallait développer la filière industrielle française. Lorsque nous comparons notre situation avec celle de l'Allemagne, nous voyons qu'il y a de grandes différences entre nos deux pays. Les accords entre les donneurs d'ordre et les PME doivent donc se multiplier et l'État doit avoir un rôle de stratège. J'ai déjeuné aujourd'hui avec le président du deuxième groupe mondial d'énergie qui regrettait que les politiques industrielles soient marquées par des stop and go, comme ce fut le cas avec le photovoltaïque. L'État doit assurer la stabilité de la politique industrielle qui est menée.
Vous n'avez pas parlé d'ingénierie : en amont des grands dossiers, elle est pourtant essentielle. Or, dans notre pays, elle manque de dynamisme car elle est trop dispersée. Il faudrait fédérer d'avantage. Vous avez cité le cas de trois consortiums qui se massacrent entre eux. Il faut que cela cesse. A l'étranger, on estime qu'en ce domaine, l'attitude de la France est vraiment « originale »...
Le rapport de la Cour des comptes souhaite des aides plus sélectives vers des entreprises susceptibles d'exporter dans la durée. Que comptez-vous faire ?