Qui pourrait ne pas adhérer à vos constats et à vos objectifs, monsieur le ministre ? En revanche, nous avons quelques divergences sur les moyens à mettre en oeuvre.
Je ne souhaite pas l'hégémonie des régions et je suis désolé d'assister à des concurrences insensées entre collectivités qui ne parviennent qu'à des résultats insignifiants.
La loi d'août 2004 permettait aux régions de créer des schémas régionaux de développement économique qui comportaient un volet exportation. Cela m'a permis de me rendre à Singapour, au Japon et en Amérique du sud. A chaque fois, j'ai été très déçu par le soutien apporté par les chambres économiques locales et par les ambassades. Ainsi, lorsque j'ai été à Tokyo, les informations qu'on nous donnait dataient de trois ou quatre ans !
J'en arrive à un sujet qui m'est cher, le vin. Lorsqu'Hervé Gaymard était ministre de l'agriculture en 2003, nous avions monté les États-généraux de l'exportation du vin. La Bourgogne vend 50 % de sa production à l'étranger, mais les négociants manquent cruellement de moyens pour accroître leurs exportations. Il faut aider financièrement et humainement les entreprises qui veulent exporter.
Un mot enfin sur les règles des marchés publics : à cause d'elles, les lycéens de Bourgogne consomment des oignons de Chine, car le kilo se vend 2 euros contre 6 pour l'oignon bourguignon ! Savez-vous qu'un repas de lycéen équivaut à 2 000 km de trajets ? Il faut donc revoir le code des marchés publics.
Nous devons savoir qui fait quoi dans l'accompagnement des entreprises. Le rôle de l'État en la matière doit être clarifié. Je vous dis « banco ! » mais il faudra mettre des moyens et trouver les bons leviers.
J'ai visité hier une entreprise située à proximité immédiate du Jura : elle emploie onze personnes et réalise 4 millions de chiffre d'affaire et 800 000 euros de bénéfice après impôts. Son secret ? L'innovation, ce qui lui permet d'exporter dans 18 pays.