Intervention de Pierre Lellouche

Commission de l'économie, du développement durable et de l'aménagement du territoire — Réunion du 1er mars 2011 : 1ère réunion
Audition de M. Pierre Lellouche secrétaire d'état chargé du commerce extérieur

Pierre Lellouche, secrétaire d'État :

Alors que j'ai bien souvent l'impression de prêcher dans le désert, je suis heureux de constater votre implication dans ce débat passionnant.

Plusieurs d'entre vous m'ont interrogé sur la place respective des départements et des régions. Dans cette affaire, il ne faut voir aucun impérialisme de l'État ! Chacun doit prendre sa part. Le rôle de l'État, c'est de s'occuper de la ligne de vente. Parfois, les résultats sont inégaux en fonction de l'efficacité des chambres de commerce. Depuis la création d'Ubifrance, l'État connaît à peu près bien la demande et accompagne les entreprises. Les grands groupes se débrouillent très bien seuls, sauf lorsqu'il s'agit de soutien politique à très haut niveau : les chefs d'État ou de Gouvernement interviennent alors. Quand ces grandes entreprises viennent nous voir, c'est pour nous demander de l'argent afin d'assurer leurs crédits à l'export.

Pour le partage des rôles entre régions et départements, je souhaiterais que l'on prenne exemple sur ce qu'à fait Daniel Percheron : il faut regrouper dans un seul endroit tous ceux qui aident les entreprises à exporter.

Si j'en avais le temps et les moyens, je regarderais l'organisation de l'État en région. En Rhône-Alpes, il y a 5 000 fonctionnaires d'État chargés de l'économie. Or, seuls cinq d'entre eux s'occupent de l'exportation ! Je préfèrerais que la politique économique soit organisée localement et que l'État accompagne les entreprises susceptibles d'exporter. Il faut arrêter de multiplier les structures qui se marchent sur les pieds, d'autant que nous avons en face de nous des pays très bien organisés. Je vais proposer aux présidents de région des chartes à l'exportation afin que chacun remplisse sa part du contrat et que nous évitions de dépenser l'argent du contribuable pour des résultats misérables. Je suis tout à fait favorable à la mutualisation des moyens et des structures. Vous l'aurez compris, je refuse toute querelle institutionnelle.

Cette remarque vaut aussi, Gérard César, pour les questions de portage entre les PME et les grands groupes. Ces derniers doivent aider les petites entreprises. A chaque fois qu'un grand groupe viendra me voir pour s'assurer du soutien inconditionnel de l'État à l'export, je leur demanderai de sous-traiter en France afin de créer des emplois. Si le but est de signer un contrat et d'acheter du matériel à l'étranger, je refuserai l'aide de l'État ! Il faut que le financement public crée de l'emploi dans notre pays. Ce que je dis pour les grands groupes vaut aussi pour les entreprises publiques.

Nous avons aussi été à l'origine d'une mini-révolution dans l'agroalimentaire en instaurant des relations entre Ubifrance et Sopexa. Avant, le ministère de l'agriculture et le ministère du commerce extérieur ne se parlaient pas ! Les filières et les habitudes étaient différentes et Bruno Le Maire et moi-même avons du batailler ferme pour instaurer des liens et esquisser un rapprochement.

Pour l'exportation du vin, notre marge de progression est immense ! Regardez ce que fait l'Italie qui vend tous ses vins - et tout le reste - dans un seul lieu alors que les filières professionnelles du vin français sont en compétition les unes avec les autres, dans un même territoire. N'y a-t-il pas place pour tout le monde ? Nos habitudes culturelles sont étranges ! Je veux vendre du vin identifié « France » comme les Sud-Africains, les Chiliens, les Espagnols le font pour des produits de moyenne gamme.

Je suis en train de lancer une campagne de promotion commerciale dans l'agroalimentaire mais tel grand groupe refuse d'y participer au prétexte qu'un concurrent moins prestigieux y figure. Moi, j'essaye de vendre les produits France, mais certains veulent encore faire bande à part. J'ai besoin de l'aide de tout le monde pour faire évoluer ces mentalités suicidaires face à la concurrence étrangère.

Odette Herviaux m'a interrogé sur la PAC : nous serons intraitables. Quand nous avons la chance d'être un des premiers exportateurs mondiaux en matière agroalimentaire, croyez-vous que nous accepterons de fusiller la PAC, et ce alors que la planète va bientôt compter neuf milliards d'hommes et de femmes ? Ce serait une faute stratégique ! Sur la question du Mercosur, ma feuille de route est simple : je protègerai nos agriculteurs, notamment nos éleveurs.

Il y aura des négociations difficiles lors de la préparation du budget européen après 2013, mais je note que le Conseil a évolué : il y a un an, personne ne croyait en l'avenir de l'agriculture. Aujourd'hui, les mentalités ont évolué et chacun a conscience qu'il s'agit d'un enjeu stratégique de première importance. Il en est de même au G20. D'ailleurs, une partie des problèmes que connaît le monde arabe, notamment en Égypte, provient du renchérissement des denrées alimentaires.

La question du tourisme relève de mon collègue Frédéric Lefèbvre. Dans le cadre de notre campagne « So french, so good », nous allons vendre la France et nous allons décliner les paysages, la gastronomie, les arts de la table.

Roland Courteau a posé une bonne question : pourquoi le commerce extérieur était-il excédentaire entre 1992 et 2003 et plus maintenant ? Est-ce une pique politique ?

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