Nous avons été exportateurs positifs dans les années 1970 puis durant la décennie 1990. Structurellement, nous sommes désormais en déficit pour des raisons structurelles : en France, on sait inventer mais on ne sait pas vendre. Si nous avons eu une balance commerciale positive dans les années 1990, c'est parce que la mondialisation ne faisait que commencer et que l'Allemagne, confrontée à la réunification, était moins compétitive. Lorsque les pays émergents ont décollé, tout a changé. De plus, le chancelier Gehrard Schröder a remis en ordre les comptes allemands alors que les nôtres continuaient à filer. Enfin, dans bien des secteurs, nous restons plus chers que les Allemands qui ont, surtout dans le domaine agroalimentaire, recours à de la main d'oeuvre bon marché des pays de l'Est.
Tous ceux d'entre vous qui ont parlé d'innovation ont raison : les entreprises qui exportent sont celles qui innovent. La politique export de la France doit donc comprendre plusieurs volets : innovation, finance et meilleure organisation.
Louis Nègre m'a interrogé sur le rapport de la Cour des comptes qui a épinglé Ubifrance : il a tout à fait raison. D'ailleurs, quand j'ai rencontré les responsables d'Ubifrance, je leur ai demandé du qualitatif et pas seulement du quantitatif.
François Patriat m'a répondu « banco ! », j'en suis ravi. Quant au patriotisme économique, j'y crois : à prix et à qualité comparables, nos donneurs d'ordre doivent acheter français. S'ils ne le font pas, c'est qu'ils n'ont rien compris à ce qui se passait dans le monde.
Je compte me rendre en Afrique du Sud, Ladislas Poniatowski : j'espère que nous allons pouvoir l'emporter et vendre nos centrales nucléaires. Vous m'avez aussi interrogé sur un sujet d'importance : le FASEP-études (Fonds d'études et d'aide au secteur privé). Les études de faisabilité financées par l'État permettent d'obtenir des contrats à l'export. Les FASEP sont liés à des entreprises d'ingénierie françaises. Ces dernières mettent au point le cahier d'appel d'offre qui, en général, correspond à un savoir-faire français. Grâce aux FASEP, nous réalisons beaucoup de contrats à l'export, notamment dans le domaine de l'eau et des infrastructures. En revanche, il n'y a pas eu de FASEP accordé sur le Zimbabwe.
Enfin, vous m'avez interrogé sur les délocalisations. En début d'après-midi, j'ai participé à la signature d'un contrat entre Alstom, le Russe TMH et les Kazakhs pour un montant de 1,6 milliard, dont un milliard est garanti par l'État français. Nous allons refaire toute la base ferroviaire russe ce qui nous permettra de vendre des locomotives franco-russes aux Kazakhs puis à d'autres nations. Grace à la signature de ce contrat, nous allons créer des emplois à Belfort et à Tarbes, mais aussi en Russie et au Kazakhstan. Il s'agit d'un accord gagnant-gagnant.