Intervention de Jean-Paul Bailly

Commission de l'économie, du développement durable et de l'aménagement du territoire — Réunion du 21 décembre 2010 : 1ère réunion
Audition de M. Jean-Paul Bailly candidat aux fonctions de président du conseil d'administration de la poste

Jean-Paul Bailly, président de La Poste :

Je commence par les questions de Daniel Raoul : le chiffre d'affaires du courrier représente 53 à 54 % du total, celui des colis et de la banque, chacun un petit quart. A l'horizon 2015, le courrier représentera de l'ordre de 40 à 45 % du chiffre d'affaires, tandis que le colis sera probablement d'un gros quart et la banque d'environ 30 %. Si on raisonne en fonction de la contribution aux résultats, les choses sont bien différentes : le courrier pourrait faire 10 à 15 %, tandis que le colis représenterait 25 % et la banque le solde.

Vous m'avez interrogé sur la modernisation des guichets : je ne connais pas le cas particulier dont vous m'avez entretenu et je ne sais si ce bureau a été récemment modernisé. Il se peut qu'à certains endroits, il existe encore des exceptions, mais d'ici 18 mois, les 2 000 plus grands bureaux auront été modernisés. Tous les retours d'expérience sont extrêmement positifs, aussi bien en termes de taux de satisfaction - nous sommes passés de moins de 50 % à plus de 75 % en deux ans - que de l'attente, qui est mesurée par un intervenant extérieur et qui a été divisée par deux. Pour les opérations rapides, la moyenne est un peu supérieure à trois minutes. Je sais cependant que les statistiques ne sont pas de nature à convaincre ceux qui ont eu de mauvaises expériences. S'il y a un cas particulier, je suis prêt à l'examiner, mais je suis très confiant sur la politique qui est menée.

Il n'y a pas de turnover des facteurs au sens propre : très peu quittent la Poste. Le passage aux 35 heures a posé un premier problème d'organisation ; en outre, il a fallu faire des tournées de taille variable pour s'adapter à la baisse des volumes : c'est pourquoi le facteur n'est plus toujours le même.

Michel Teston m'a interrogé sur le calendrier. Le changement de statut est intervenu au 1er mars ; nous avons présenté un plan d'affaire, indispensable, le 15 avril ; la CDC a pris connaissance des réalités économiques et des enjeux de la Poste entre mai et juin. Un accord de principe a été signé le 18 octobre entre l'État et la Caisse ; depuis, nous mettons au point les textes définitifs. L'entrée de la Caisse dans le capital devrait se faire avant la fin du premier trimestre 2011. L'augmentation de capital sera souscrite à ce moment, avec une libération en trois temps : 2011, 2012 et 2013. Les trois administrateurs de la Caisse entreront au conseil d'administration dès 2011. L'augmentation de capital est plus nécessaire que jamais, pour financer les 2,5 milliards d'investissement prévus. Nous n'avons toutefois pas besoin de la totalité, tout de suite ; le programme retenu nous convient donc.

Dans les communes de moins de 2 000 habitants, les bureaux de postes sont souvent petits et assez peu ouverts. Le partenariat avec les mairies est donc une excellente solution ; divers services publics apportent à la commune un complément de financement en échange des services rendus par les agents municipaux. Avec les technologies de l'information et la communication, c'est le fondement des maisons de services publics, dont le coeur serait la mairie plutôt que la poste.

Si le marché des achats sur Internet est en pleine croissance, le nombre de colis n'augmente pas en proportion, car il y a des phénomènes de substitution, au détriment des acteurs traditionnels de la vente à distance. Avec ColiPoste, nous couvrons 65 % du marché, mais face à une concurrence redoutable, maintenir notre place demande des efforts permanents.

Un mot sur la distribution des journaux : moins il y aura de plastique, mieux nous nous porterons. Indépendamment des considérations écologiques, il est difficile de lire sur le plastique, sans compter que celui-ci passe fort mal dans les machines.

Gérard Bailly, je regrette moi aussi que l'on ne voie plus le lieu d'expédition du courrier sur l'enveloppe, mais le regroupement du courrier rend cette évolution inévitable. Nous avons tenté de remédier à cet inconvénient en développant les prêt-à-poster et en émettant des timbres valorisant nos régions.

Roland Courteau, « remplacement partiel » signifie qu'un départ à la retraite sur deux est remplacé ; dans les années qui viennent, ce taux devrait être d'un sur trois, en raison de la baisse des volumes. Depuis mon arrivée, la part de CDD est passée de 8 % à 3 %, taux qui me paraît incompressible. Il n'y a pratiquement plus de temps partiel imposé : nous sommes dans « l'épaisseur du trait ».

La règle des 20 minutes ou 20 kilomètres est respectée. La loi impose 17 000 points de contact sur le territoire ; le contrat État-AMF-Poste précisera en outre le nombre de points par département. Les engagements sont tenus.

La neige a posé des problèmes logistiques dans la distribution du courrier, je ne l'ignore pas : un jour de perturbation a des répercussions, d'autant que l'on ne peut raisonner à l'échelle du seul département. La Poste a fait le maximum, mais la distribution des colis va sûrement être perturbée. Nous avons donc décidé d'ouvrir les bureaux de poste jusqu'à 20 heures le jeudi 23 décembre. Preuve qu'en cas de difficultés, les postiers sont prêts à s'engager pour le meilleur service possible !

La Poste est en effet aux couleurs de la France, Bariza Khiari, et nous menons une politique en faveur de la diversité : nous avons signé la Charte de la diversité, participé au tour de France de l'IMS-Entreprendre pour la Cité et mis en place le curriculum vitae anonyme. En ce qui concerne l'encadrement, la place des femmes a progressé, mais il reste beaucoup à faire pour les minorités. J'ai conscience du problème ; pour l'heure, nous mettons en avant des cas particuliers, pour montrer que la réussite est possible.

Les statuts de La Poste ne fixant pas de limite d'âge, c'est le code du commerce qui s'applique. Le mandat de président de La Poste auquel je suis candidat est de cinq ans. J'ai montré que j'étais un homme de la durée et de la continuité. Aux actionnaires de modifier les statuts de La Poste, s'ils souhaitent modifier la limite d'âge.

Ladislas Poniatowski, les agences postales communales et les relais Poste coûtent bien moins cher en fonctionnement. Le nouveau contrat permet d'affecter une partie des économies ainsi réalisées à la part 3 de la CDPPT : ce sont des ressources supplémentaires qui pourront être affectées aux mairies pour y améliorer le service postal. La création de points supplémentaires relève de la CDPPT, dans le cadre du financement par la part 3.

J'indique à Gérard Cornu qu'un accord a été signé avec Michel Mercier, alors ministre de l'espace rural et de l'aménagement du territoire, sur la mutualisation des services publics en milieu rural ; certains départements sont en phase d'expérimentation. A été fixé l'objectif d'un distributeur automatique de billets dans tous les bourgs-centres isolés ; une trentaine vont être installés. Les avis sont toutefois partagés au sein des CDPPT, car l'installation d'un distributeur réduit l'activité du bureau de poste. C'est un débat local.

Enfin, Pierre Hérisson, le contrat tripartite doit clairement définir le type d'activités financées dans le cadre de la CDPPT, mais une fois ce travail fait, celle-ci doit conserver une marge de manoeuvre.

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