Les partenaires minoritaires ont été choisis par l'Etat, pas par nous. Il s'agit de deux fonds financiers, du Koweit et du Qatar, et de Mitsubishi. Le fonds qatari pourrait vouloir transformer sa participation en une part de référence dans le capital coté de notre activité minière. C'est un sujet qui me dépasse...
Il est dommage d'avoir arrêté Superphénix car nous aurions pu l'utiliser pour des tests.
Nous travaillons en interne sur la propulsion nucléaire des navires, notamment porte-conteneurs, sur longue distance. La marine américaine opte systématiquement, au-delà d'un certain tonnage, pour le nucléaire. Quant à la miniaturisation, nous travaillons sur un réacteur de 100 mégawatts, dans une logique modulaire, et nous nous focalisons sur les conditions de sûreté et sur les méthodes, pour livrer un réacteur compétitif, plus cher que le gros, bien sûr, mais répondant à certains besoins.
La sûreté-sécurité est notre obsession, car un problème en ce domaine peut tuer l'entreprise. Il y a deux facteurs : le design du réacteur et la qualité de l'exploitant. Il importe que les pays nouveaux entrants dans le nucléaire aient un bon exploitant, en particulier. Et il n'est pas question de brader à ces pays une technologie qui n'est plus acceptée en France - les acheteurs auraient encore moins la possibilité de la gérer !
Dans l'éolien off shore, il faut avoir un coup d'avance. Nous avons développé une éolienne de 5 mégawatts, que nous vendons en Europe du nord et bientôt, espérons-nous, en France - nous attendons l'appel d'offre pour un champ d'éoliennes au large des côtes du Nord-Pas-de-Calais. La mer du Nord est une baignoire, rien de plus simple, avec 50 mètres de profondeur seulement, on peut tout arrimer au fond ; les problèmes se manifestent plutôt au-delà du plateau continental... Quant aux hydroliennes, récupérer l'énergie des vagues est compliqué, il y a la corrosion, la non-régularité des phénomènes naturels. Enfin, dans le solaire thermique, de concentration, nous possédons l'une des meilleures technologies : les performances du premier pilote dépassent nos espérances ; et nos clients, qui effectuent une étude de marché, se montrent très intéressés.
Je salue comme Didier Guillaume la nomination d'un ministre à l'énergie. Le danger est de voir les gens raisonner comme dans les années 70, nous n'y sommes plus ! Les pays ne sont pas repliés sur eux-mêmes. Il faut voir le marché tel qu'il est aujourd'hui. Combien d'autres pays peuvent aligner quatre leaders mondiaux de l'énergie? Il faudrait tirer parti de cet atout.
Le train de déchets retournant en Allemagne circule une fois par an ; au fil des années, les manifestations s'étaient clairsemées, l'an dernier je n'en avais même pas entendu parler ; mais la Chancelière allemande vient d'annoncer l'allongement de la durée de vie des centrales... Quoi qu'il en soit, faire circuler ce train un samedi et un dimanche est étrange - la décision ne vient pas de nous !
Diversification de la gamme, avez-vous dit : nous sortons d'une période où il n'y avait point de salut hors l'EPR ; aujourd'hui, nous proposons une gamme de réacteurs de troisième génération, et c'est tant mieux ! L'Atmea est en phase de certification, nous espérons obtenir la licence l'automne prochain.
Nous avons effectivement besoin d'une ASN qui s'affirme et se développe sur le plan international. Aller plus loin dans l'information de la population, bien sûr. J'ai toujours fondé ma communication sur la transparence et sur le fait de dire les choses comme elles sont. En 2008, la fuite constatée à Romans dans le processus d'enrichissement de l'uranium, par exemple, a été déclarée tout de suite à l'ASN le lendemain de l'incident Socatri, alors que nous savions que cela ferait du grabuge pour un problème mineur. Nous avons atteint l'âge adulte en la matière, c'est un avantage.
Les réacteurs de la quatrième génération ne produisent pas de grandes quantités d'électricité meilleur marché ; ils n'ont pas été conçus dans ce but. Or, nos industriels ne pouvant être compétitifs sur les coûts de main-d'oeuvre, il est important qu'ils aient accès à une énergie peu onéreuse. L'EPR remplit ce besoin. Je précise par ailleurs que la quatrième génération produit aussi des déchets. La seule façon de détruire les déchets, la transmutation, exige de couper les gros noyaux en noyaux plus petits, mais le but poursuivi avec ces nouveaux réacteurs est autre : pouvoir régénérer le combustible. Quoi qu'il en soit, il faut aussi se méfier des mots, certains opérateurs proposent des réacteurs de quatrième génération qui sont en fait de la troisième, etc.
Nous avons refusé à des entreprises d'Etat chinoises la vente de technologies, par principe éphémère, et nous voulons une installation durable : nous travaillons donc avec notre partenaire, au sein d'une société, Wecan, dont nous détenons 45 %.
Le renouvellement des générateurs de vapeur des réacteurs existants représente un marché de plusieurs milliards d'euros. Nous sommes candidats dans l'appel d'offre lancé par EDF, via notre filiale de Chalon et du Creusot. Nous avons beaucoup de concurrents, provenant de pays qui, eux, ne nous ouvrent pas leur marché. Et nous avons investi massivement en France pour faire face aux commandes. J'espère donc que nous en recevrons une part significative.
Les énergies renouvelables représentant actuellement 150 millions d'euros de chiffre d'affaires. Nous visons 5 milliards d'euros de prises de commandes en 2012-2013. Il ne s'agit pas de camouflage ou de politiquement correct, où une éolienne sert à masquer une mine de charbon : pour nous, ce segment représente un vrai business. Le président de la République se rendra prochainement en Inde, c'est une bonne occasion de montrer la complémentarité du nucléaire et des énergies renouvelables. Les prix galopants du site-laboratoire de stockage des résidus vitrifiés sont pour EDF et pour nous un sujet de préoccupation.
La recherche-développement représente 10 % de notre chiffre d'affaires. Les énergies renouvelables ont absorbé 200 millions d'euros en acquisition de technologies et en recherche. Notre rêve ultime, bien sûr, est le stockage de l'électricité. Celui qui saurait la stocker à prix compétitif changerait toute la donne !
Nous serions heureux de vous inviter à Taishan, un site très impressionnant conçu pour six EPR, dont deux sont en construction tandis que les fondations sont en cours pour deux autres. Une immense base de vie a été créée, pour environ 9 000 salariés actuellement. L'eau est pompée à 12 kilomètres...